Descartes


RENÉ DESCARTES

Résumé de deux livres (dont j'ai oublié le nom) sur Descartes
- César Valentine -



René Descartes est un philosophe, mathématicien et physicien français (1596 - 1650)



La philosophie est comme un arbre

  • La métaphysique = les racines
  • La physique = le tronc
  • Les sciences = les branches
    1. Médecine
    2. Mécanique
    3. Morale

 

Cette images de l'arbre et en fait une triple image :

  1. Unité cohérente et organique → tout est relié ensemble
  2. Image du développement naturel → semence initiale ≈ intuition, déduction
  3. Orientation dans le développement → direction de la philosophie et de sa finalité = sens ultime de la philosophie

 

Les sciences sont reliées organiquement au sein d'une unité :

  • L'unité des sciences est dans le sujet de connaissance
  • L'unité n'est plus dans l'objet connu




Philosophie aristotélicienne

La science reçoit sa substance de son objet. Donc l'objet détermine et délimite par avance tout le savoir que l'on peut en avoir. Connaître une chose, c'est avoir un savoir adéquate à cette chose. 

La chose s'offre à l'esprit via les sens (passif), puis par l'intellect. La chose est l'acteur, et si l'esprit agit, il interférera sa propre nature à celle de l'objet de la science.




La Renaissance

La Renaissance affirme la primauté de l'esprit humain et son caractère originaire :

  • Dans le domaine de la connaissance : Jean Bodin, Nicolas de Cues
  • Dans le domaine de l'agir : Machiavel, Pierre Charron
  • Sur le plan esthétique : Vasari, Zuccaro (Federico Zuccari)

 

Le programme de Descartes :

  1. Inventer par moi-même
  2. Découvrir les règles certaines pour y parvenir

 

Descartes achève le projet de la Renaissance : passer de la mimésis à l'heuresis. En d'autres mots, passer d'une sagesse réceptive à une sagesse inventive.

  • Sagesse réceptive : l'esprit a comme fin de se conformer à l'ordre immanent du cosmos
  • Sagesse inventive : l'esprit a comme fin non plus de recevoir la vérité, mais de la faire surgir telle une force connaissante de son propre fond

 

Les poètes découvrent la vérité par l'imagination. 
Les philosophes découvrent la vérité par la raison.

 

De fait, les mathématiques ne s'offrent pas à la passivité de nos sens, mais sont une création spirituelle. La vérité n'est plus l'adéquation de l'idée à l'objet car l'objet est l'idée elle-même produite par l'esprit, et non une donnée externe.




Physique cartésienne

Assimilation de la nature à un modèle mécanique artificiel où l'esprit est originaire.

→ Connaître le donné tout en l'inventant.

"L'investigation générale de la mathématique" a pour but d'arracher son secret originaire par lequel l'esprit arrive à la certitude.




Intuition

  • Aristote : acte premier par lequel la chose se donne à la passivité de nos sens pour être abstraite dans notre entendement
  • Descartes : intuition intellectuelle = acte par lequel l'esprit produit l'idée et la voit. Cet acte est comparable à la vision oculaire, il se produit en un seul et même geste → dans l'intuition, l'être et le connaître coïncident.

 

La déduction est l'intuition d'une connexion entre deux vérités.

Les déductions complexes sont des compositions simples qu'il faut, par une démarche cognitive, saisir dans l'instantanéité de l'intuition.

→ on va des déductions jusqu'à l'intuition = mise en ordre par des chemins déductifs = l'unité des savoirs est réalisé autour de l'esprit.




Métaphysique

La métaphysique donne à la connaissance une assise et une méthode. Elle ne traite pas de Dieu et de l'âme, mais de toutes les premières choses qu'on peut connaître. Donc la métaphysique cartésienne n'est pas une science des substances séparées de la matière. Dieu est découvert comme une raison suffisante de mon esprit, mais non du monde.

 

Métaphysique thomiste : l'homme est une créature de Dieu

Métaphysique de Descartes : métaphysique centrée sur l'esprit humain

 

La vérité fondatrice n'est pas une vérité sur Dieu, mais une vérité sur moi-même : je suis, j'existe. Cette vérité résiste à tous les doutes, même les doutes hyperboliques où les mathématiques, elles, ne résistent pas. Cette intuition peut donc devenir le fondement de toute connaissance.

C'est donc une métaphysique comme science centrée sur l'esprit humain, visant à éclairer sa nature et son origine = Descartes accomplit le projet humaniste de la Renaissance = chemin dont je suis le point de départ = chemin de l'idéalisme le plus radical.

 

Les choses matérielles sont, dans leur essence, géométriques. et les problèmes qu'elles posent ne sont pas liés à leur nature, mais sont en fonction de leur degré d'éloignement vis-à-vis de l'intuition première.

→ "ainsi, des premiers principes, on doit pouvoir déduire la connaissance de toutes les autres choses du monde" (III, 776). On le peut grâce à l'ordre mathématique de la nature.

 

"La mystique, c'est le point de rencontre subversif qui renverse le principe de non-contradiction" (David König)

 

Descartes s'attache à éliminer du monde toute qualité et toute forme substantielle, c'est-à-dire tout ce qu'on ne peut pas traduire en termes d'ordre et de mesure.

  • Les sens ne reçoivent que du quantitatif qu'ils traduisent en données.
  • Le qualitatif n'est que dans notre âme

 

L'âme décode en sentiment les modifications qu'elle perçoit dans son corps, sans qu'il doit y avoir de ressemblance entre les idées qu'elle conçoit et les phénomènes qui causent ces idées.

Exemple : 

  • ll n'y a pas de ressemblance entre les paroles et leur signification
  • Il n'y a pas de ressemblance entre le chatouillement et le contact d'une plume

 

C'est donc l'âme qui sent, et non le corps.

→ les qualités ne sont pas d'ordre matériel, mais d'ordre spirituel.

→ la matière étant réduite à la figure et au mouvement, il est possible de calculer et de connaître tous les phénomènes de la nature.

→ la mécanique nous ramène à l'agir sur le monde : fabrication de machines qui utilisent les lois de la nature au profit de l'homme.

 

Descartes croit qu'une telle science dépasse les capacités de l'esprit de l'homme, mais il ne peut pas s'empêcher d'y rêver.

Le projet cartésien ne semble pleinement fonctionner que si on connaît totalement les lois de la nature. Dans le cas contraire, on est dans l'obligation de passer par l'expérience.

L'arbre cartésien prend ses racines dans le ciel et donne ses fruits sur la terre.

 

La connaissance de Dieu a comme fin de fonder une science orientée vers l'action.

Il faut pratiquer l'ascèse spirituelle une fois dans sa vie. Et n'employer que peu de temps à l'imagination et à l'entendement seul.

Le bonheur que procure la philosophie à l'homme n'est pas dans la réalisation d'un désir spéculatif, mais dans l'acquisition d'un savoir orienté vers une pratique, et incarné dans la vie humaine.

La douleur trouve une intelligibilité dans une économie générale des moyens aux fins (et non comme le résultat du péché originel).

" L'erreur et le mal ne sont pas une privation ou un manque de perfection dû à l'homme, mais le signe de sa liberté"

Descartes méprise une reproduction des phénomènes de la nature qui viserait la virtuosité technique comme fin en soi.

La fin dernière de l'homme n'est pas une domination technique de la nature en laquelle l'homme se perdrait lui-même, mais un retour à soi de l'homme dans sa condition terrestre.




Les passions 

les passions déforment l'objet perçu et occasionnent des jugements faux. Il faut s'en libérer en s'exerçant à un détachement de l'âme et du corps. Cette tâche n'est que rarement possible, et il n'est même pas dit qu'elle soit souhaitable. 

On ne peut se libérer des passions qu'en opposant d'autres passions qui combattent les premières.

On ne peut agir sur le jugement et sur les volontés sans agir en premier sur le corps.

 

Les passions ont un sens positif :

  • Quand elles visent à la sauvegarde de notre être dans l'urgence d'une situation où la réflexion scientifique est impossible
  • Quand elle constituent l'essence du bonheur terrestre

 

Il faut devenir maître de nos passions pour mieux les goûter, et donc mieux se soumettre à celles qui nous apportent du plaisir.

 

L'âme guide les esprits animaux en pensant à autre chose. Si tu te persuades que ton corps est bien fait, tu seras plus résistant et tu tomberas moins malade. Le bien-être de l'âme joue sur le bien-être du corps = philosophie de la béatitude.

Béatitude : état de sérénité en toute circonstance

Pour rendre son âme contente, il faut déjà se rendre compte qu'on est une âme immortelle et qu'on peut recevoir le contentement, et donc travailler à rendre son âme bonne pour qu'elle reçoive les contentement.

Remplir sa tâche (vertueuse est louable) rend l'âme contente. 

Les plus grandes adversités ne peuvent abattre l'âme, et donc le corps qui lui est joint ne peut tomber malade.

Quand l'agir ne peux pas avoir d'effet sur les événements, l'agir doit se porter sur soi.

Quand la raison ne peux pas ne pas penser aux événements que l'on vit, il faut par l'imagination se divertir = considérer les choses sous le meilleur angle.




 

L'union de l'âme et du corps

 

Expérience de contrariété

L'imagination demande une "particulière contention d'esprit" ≠ une simple attention d'esprit.

→ l'imagination demande un effort = une résistance de son objet.

Au contraire, l'idée sensibles "ne présuppose point ma pensée" mais aussi se produit "sans que j'y contribue" et "contre mon gré".

 

Expérience d'altérité

Ma nature pensante n'a pas besoin de la faculté qui me représente les corps.

Dans l'expérience imaginative, le corps se trouve définit comme quelque chose différent de mon esprit.

Les idées sensibles me font sentir des choses différentes de mon esprit.

Il y a une incompatibilité entre substances pensantes et étendue.

 

Par les sentiments de douleur, la nature m'enseigne que je ne suis pas seulement logé dans mon corps (pilote en son navire), mais que je compose comme un seul tout.

 

Certitude d'exister

L'imagination expérimente l'altérité du corps (Mes sens ne me trompent pas, car Dieu n'est pas trompeur). Donc mon esprit ne peut être la cause de l'idée de corps. Il faut donc rapporter cette idée à quelques réalité hors de moi.

Il reste à décider si la cause est :

  • Dieu, en tant que cause imminente
  • Le corps, en tant que cause formelle

 

L'union de l'âme et du corps est substantielle → difficulté de concevoir bien distinctement en même temps la distinction entre l'âme et le corps, et leur union = les concevoir à la fois comme une seule chose et comme deux, ce qui est contradictoire.

Leur incompatibilité oblige à les penser successivement = un mouvement discontinu de la pensée 





 

L'union de l'âme et du corps à travers l'allégorie du pilote en son navire chez les différents penseurs

 

Montaigne

Sans l'impulsion des passions, l'âme resterait sans action, comme un navire en pleine mer que les vents abandonnent de leur secours.

 

Aristote

"Il reste encore à déterminer si l'âme est l'entéléchie d'un corps comme un pilote en son navire" (de l'âme II, 1, 413 a8)

"on rattache l'âme a encore, sans définir la cause de cette union. Pourtant c'est indispensable, car c'est grâce à un élément commun qu'un terme agit et que l'autre pâtit, que l'un est mû et que l'autre meut" (de l'âme I, 3, 407 b15-20)

 

Saint Thomas d'Aquin

Si l'âme était unie au corps comme le pilote dans le navire, alors l'union se ferait par un contact "de vertu".

≠ union sur le mode du mélange (stoïciens)

≠ union par contact de quantités → possible qu'entre deux réalités matérielles 

Le contact de vertu meut le mobile dans l'intimité de son être et peut ainsi unir un être indivisible (l'âme) et un être divisible (le corps).



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