Le cynisme


LE CYNISME

Ensemble de notes provenant d'un livre de Marie-Odile Goulet-Cazé, du "courage de la vérité" de Foucault, et d'une conférence de Martin Rueff sur Rousseau que j'ai librement utilisé dans une réflexion sur le cynisme
- César Valentine -




Le cynisme est une école philosophique de la Grèce antique fondée par Antisthène, élève de Socrate. Cependant,  c'est par Diogène de Sinope, le disciple d'Antisthène, que le cynisme est devenu célèbre.

 

À propos du cynisme
(résumé d'un ouvrage de Marie-Odile Goulet-Cazé)

 

Le cynisme se réclame d'une pratique, d’un mode de vie. Les informations sur les cyniques viennent d'opposants (épicuriens, Pères de l'Église) et de sympathisants (Épictète, Julien).

Il nous faut accorder un véritable intérêt aux anecdotes et passages doxographiques, même s'ils sont tardifs, et même si ces anecdotes peuvent à la fois se reporter à Diogène, Socrate…

Ces témoignages pris isolément ont peu d'intérêt, mais à leur lecture, de grands thèmes reviennent, une conception de la vie s'en dégage, qui porte la trace d'une expérience philosophique originale.

 

Pour les cyniques, les hommes sont des esclaves. Diogène les appelait “triples esclaves” : les gens vaincus par le ventre, le sexe, le sommeil. Ainsi, pour Diogène, l'homme est malheureux : "homme trois fois homme", l’homme est trois fois malheureux.

 

C'est un mal de désirer tout et de recourir à la force. En revanche, ce n'est pas un mal d'être pauvre et de mendier. Diogène prêche par l'exemple une exigence radicale de conversion.

 

Antisthène (disciple de Socrate, puis par la suite maître de Diogène) disait qu'il ne faut pas apprendre à lire afin d'éviter d'être corrompu par les écrits des autres. Mais il a dit aussi "les gens sans culture sont des rêves éveillés". Il semble dire que la culture diffère du simple enseignement par les livres. La culture s’acquiert par l’ascèse et sa vie autre. Elle est alors le fruit de son propre engagement dans la vie et non le fruit de la pensée des autres. 

 

Il faut s'appliquer à résister au plaisir et à la souffrance, car le plaisir conduit au mal, et la souffrance en inspirant la crainte détourne du bien. "La vertu suffit au bonheur, elle n'a besoin de rien de plus, si ce n'est de la force Socratique" (Antisthène).

 

Diogène Laërce semble montrer que le cynisme est une préparation au stoïcisme : Socrate → Antisthène → Diogène → Zénon → Crates 

 

Le but ultime de la vie est le refus de toutes les illusions auxquelles l'homme peut être tenté de succomber, donné sous le terme d'atuphia.

Lorsqu'ils veulent évaluer les choses, les hommes appliquent habituellement un système de valeurs humaines, système hérité de la tradition, et faussé par les éléments passionnels. C'est ce que les cyniques, puis les stoïciens, nomment le tuphos (vient du typhus : les gens prostrés par la maladie, stupeur musculaire).

Ainsi, le cynisme, philosophie naturaliste, rejette : 

  • La métaphysique : réflexion sur des questions qui dépassent l'homme
  • Les valeurs sociales : le respect de ces valeurs empêche la réalisation de l'apathie

 

L'apathie qui est la fin que propose le cynisme, équivaut à devenir Dieu. Car "le propre des dieux et de n'avoir besoin de rien, celui des gens semblables aux dieux, de désirer peu de choses" (Diogène Laërce VI). Ainsi, "le riche est celui qui se suffit à lui-même" (Diogène).

Cette méthode qui rejette la métaphysique et les valeurs sociales, cherche à éliminer l'anthropomorphisme que l’homme ajoute à toute chose et qui donne au monde forme humaine.

Exemple : habituellement, le fait que quelqu'un vous calomnie n'est pas pris comme un fait objectif, comme une représentation première. La plupart des hommes ajoutent d’eux-mêmes une seconde représentation vécue de l'intérieur, sorte de discours intérieur : "cette parole calomnieuse est une injure pour moi". Donc au jugement d'existence, s'ajoute un jugement de valeur. 

Eliminer l'anthropomorphisme, c'est de fait dire que le monde ne partage pas les éléments qui constituent l'homme. L'élément du monde nous sera à jamais caché. Car la pensée humaine ne peut pas se représenter adéquatement ce qui n'est pas humain, avec les ressources qui ne sont pas les siennes.

Ainsi, le sens commun vise la connaissance, mais, en faisant cela, ne fait qu'attribuer au monde les éléments qu’il puise en lui et parmi les siens. Cela a pour effet l'échec de la connaissance et l'échec de la vie heureuse.

Les valeurs sociales, sont déterminées par l'habitude et le plaisir, et en ce sens elles font du mal à l'homme car leurs finalités sont inutiles et vaines.

Exemple : le sportif en s'entrainant obtient des résultats. Tout le monde l'admire, pourtant sa finalité est inutile, car seule importe la santé de l'âme. C'est la seule fin morale. 

"Je t’exhorte à ne pas porter tes pensées au-delà de l'homme" (Diogène). (= Ne crois pas à une vie après la mort).

En éliminant l'anthropomorphisme, les cyniques réduisent le monde à une nature hostile contre laquelle il faut préparer son âme et son corps grâce à une ascèse stricte.

Symétriquement, on pourrait penser que Diogène fait un physiomorphisme, car il punit en paroles, à l'égal de la nature qui punit en acte = renversement. 

Anthropo (l'homme) morphisme (la forme) = donner forme humaine

Physio (la nature) morphisme = donner forme naturelle

 

Trois critiques aux plaisirs de la vie civilisée :

  • Provoque la souffrance :
    • La nourriture trop riche attire les maladies
    • Le manque d'activité rend le corps faible
  • L'homme n'est plus capable de ressentir la sensation de plaisir :
    • Il a besoin d'expédient de plus en plus coûteux. Donc surenchère dans la recherche du plaisir
  • L'homme ne peut plus lutter contre la souffrance : 
    • Les plaisirs l'ont rendu mou et l'ont privé de virilité

 

Diogène recommande donc de fuir cet adversaire fourbe et rusé qu'est le plaisir. "Le plaisir ensorcèle par des drogues funestes, il tend ses pièges non pas d'une manière simple, mais de toutes les manières possibles, par la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher" (Dion Chrysostome VIII, 21-23).

 

Le second adversaire de l'homme est la souffrance, qu'il doit combattre en réprimant le sentiment qui la lui fait trouver pénible : "L'homme de bien considère ses souffrances comme ses adversaires les plus redoutables et il aime à les combattre constamment, nuit et jour" (Diogène).

Il résulte de ce combat contre les plaisirs et la souffrance, le franc-parler, La parrêsia, c'est-à-dire le courage de dire la vérité : "Le franc-parler est de mise quand on a d'abord démontré sa propre valeur" (discours IX contre les cyniques ignorants).

L'homme se réalise en étant en adéquation avec lui-même, et en n’étant pas sous l'influence de la société des hommes. Il y a alors accord des actes avec la parole. C'est la condition pour à la fois être quelqu'un et être soi-même.

 

L'attitude cynique est contestataire et cherche à renverser les valeurs morales :

  • Morales populaires
    Contestation sociale qu'ils mettent en pratique par leurs comportements : barbe, cheveux longs, corps sale, ils se masturbent et font l'amour en public.
  • Politique
    Le cynique se revendique sans famille et sans patrie : abstention aux engagements politiques et sociaux, car il rejette la loi et lui préfère la nature.
  • Religion
    Les cyniques sont agnostiques. L'idée de Dieu qui ne trouve pas de preuve est contradictoire avec le détachement à l'égard des affections : l'univers n'est pas régi par un Logos universel. Le cynique vit pour ainsi dire dans un monde dénué de toute certitude.
  • Philosophie
    Diogène critique Platon, en l’accusant de préférer les raisonnements subtils aux actes (pourtant, Platon a bien tenté un coup d'État en Syracuse). Seule l'ascèse cynique est en mesure d’assurer le bonheur.

 

La devise cynique est "falsifie ta monnaie" (parakharaxon to nomisma), il faut entendre derrière le mot nomisma, l'idée de nomos : loi, coutume, donc que les valeurs qu'il faut bouleverser ne sont pas que monétaires.

 

Il y a pour le cynique, quatre valeurs de vérité :

  • La non-dissimulation : vie publique et exposée (le non-caché)
  • La pureté : dénuement et pauvreté (le pur)
  • La conformité à la nature : vie sauvage et animale (le droit)
  • La souveraineté : vie qui manifeste une souveraineté sans limite (l'immuable)

 

Ce sont les quatre principes directeurs de l'existence. Le cynique vit à la lettre les principes de vérité. En suivant ces principes, le cynique a nécessairement une vie autre.

Cette vie autre, rend le comportement du cynique illégitime aux yeux des autres : vie scandaleuse.

Il a un mode de vie qui est en rupture avec le mode de vie de ses concitoyens : vie rejetée, vie marginalisée.

En critiquant le monde existant, cette vie témoigne pour un autre monde : ce que vous appelez bien est un mal, et ce que vous appelez mal est un bien. 

Par sa vie manifeste il provoque les autres à entendre qu'ils se trompent : "Le philosophe n'a-t-il pas risqué sa vie en luttant avec un poulpe cru, afin d'ensauvager notre vie ?" (Plutarque).

"Diogène osa manger un poulpe cru afin de rejeter la préparation des viandes par la cuisson au feu. Alors que beaucoup d'hommes l'entouraient, il s'enveloppa de son manteau et, portant la viande à sa bouche, il dit : c'est pour vous que je risque ma vie, que je cours ce danger" (Plutarque).




 

Le renversement de l'illégitimité en légitimité
(quelques réflexions sur le cynisme à partir d'une conférence de Martin Rueff sur Rousseau. Donc à prendre avec des pincettes car j'extrapole certainement)

 

Rousseau écrit : "Je ne suis ni Prince, ni législateur, et c'est pour ça que j'écris sur la politique. Si j'étais Prince ou législateur, je ferais de la politique ou je me tairais".

Les princes et les législateurs n'ont pas à parler sur la place publique, ils doivent “faire”. Les princes et les législateurs écrivent la politique, ils n’écrivent pas sur la politique. Ils n'ont aucun problème de légitimité pour écrire la politique, pour édicter des lois.

 

C'est parce qu'il n'a pas la légitimité du souverain, que le cynique peut faire par sa militance philosophique un acte politique. C'est parce que je suis illégitime que je suis légitime : c'est le droit des sans droits.

Cette pratique de la vraie vie, poussée à la limite, devient la manifestation d'une vie radicalement autre. C'est cette inversion de la vraie vie, qui devient une vie autre, qui permet au cynique d'affirmer qu'il est roi, et plus que roi, il est le seul vrai roi. Par cette inversion, dénué de tout il devient roi de tout.

"Il (Diogène) était plus puissant, plus riche qu'Alexandre, alors maître du monde, car il pouvait refuser beaucoup plus que le roi ne pouvait donner”.

Et parce qu'il est roi, le cynique doit s'occuper des autres (on retrouve ce même caractère chez Socrate, mais Socrate se présente comme le taon qui vient réveiller les gens). Ce n'est pas dans la jouissance mais dans la renonciation à soi que l'on va pouvoir s'occuper des autres : intervention physique et sociale, sacrifice de sa vie pour pouvoir s'occuper des autres. 

Cette mission cynique prend la forme d'un combat. il prend la parole et attaque ses ennemis, c'est-à-dire les vices qui affectent les hommes. Il rend service, et donc fait le bien autrement que par des conseils, il est utile parce qu'il se bat et attaque. Il sacrifie ainsi sa vie pour le bien des autres hommes. C'est pour cela que Sénèque disait à propos de Démétrius le cynique, maître de Démonax : "Il n'enseigne pas la vérité, il témoigne pour elle".

Ainsi, la connaissance du bien ne se révèle que dans le franc-parler, qui est la conséquence directe de l'exigence de la vie ascétique cynique. Le cynique démontre sa propre valeur dans l'exercice de sa vie et dans son franc-parler.

Le bien ce n'est pas ce qu'on enseigne, c'est ce pourquoi l'on se bat. Car "c'est par la peine que nous acquérons tous les biens" (Musonius, maître d'Épictète).




 

L'ascèse diogenienne
(résumé d'un ouvrage de Marie-Odile Goulet-Cazé)

 

Les ponoi (= épreuves)

Il faut constamment s'entraîner pour être capable le jour venu d'être vainqueur des ponoi ultimes. L'ascèse corporelle assure la santé de l'âme, en vue de vaincre le sentiment qui lui fait percevoir comme pénible les épreuves du destin. L’ascèse entraîne la volonté. Les combats contre le destin et la Fortune sont les seuls combats valables, les seuls combats véritables.

 

Les ponoi inutiles :

  • Le sport pour la vigueur corporelle ou les médailles
  • L'art pour la virtuosité artistique
  • Les coutumes sociales : mariage, enfant, vie publique, travail, commerce, militaire, guerre

 

Les ponoi utiles :

S'entraîner à des exercices qui rendent capable de supporter l'exil, la mauvaise réputation, la pauvreté. Donc des exercices capables de rendre autarcique, libre, et rendant capable de voir que les épreuves de la fortune ne sont pas des maux.

 

Les quatre ponoi sont : la faim, la soif, le froid, le chaud.

 

Le mode de vie cynique est un mode de vie qui est un retour à un état de nature originel que l'homme n'aurait jamais dû quitter. Ainsi, Prométhée est responsable d'avoir donné le feu aux hommes. Le cadeau de Prométhée est le point de départ du luxe et de la mollesse.

La pauvreté est une aide instinctive pour la philosophie : "ce dont la philosophie cherche à persuader par des discours, la pauvreté y contraint par des actes".

 

Souci essentiel : transformer en bonheur, une vie que l'opinion courante juge parsemée de malheur = philosophie réaliste.

 

Stoïcien : théorie du Logos universel. Le sage y participe par son logos.

Cynique : il assume orgueilleusement sa solitude au sein de l'univers. Il est la source de son bonheur, par les efforts jour après jour qui lui permettent de vaincre la fortune, la nature.

 

"Comment quelqu'un deviendrait-il tempérant s'il sait seulement qu'il ne faut pas être vaincu par les plaisirs, et ne s’est pas exercé à résister aux plaisirs ?" (Stobée III).

 

"L'habitude mène à être capable d'agir, savoir la théorie de la chose mène à être capable de discourir. La théorie collabore à la pratique, car elle enseigne comment il faut agir. En valeur cependant, l'habitude l'emporte sur la théorie, car elle a plus d'autorité que la théorie pour mener l'homme à la pratique" (Stobée II 15,46).




 

De l'ascétisme païen à l'ascétisme chrétien
(brèves notes à partir du cours "Le courage de la vérité", de Michel Foucault)

 

La philosophie instituée a une attitude ambiguë vis-à-vis du cynisme :

  • Elle condamne les pratiques méprisées
  • Elle distingue un certain noyau du cynisme qui, lui, doit être sauvé

 

Beaucoup de philosophies anciennes ont transmis à la pensée occidentale des noyaux doctrinaux extrêmement forts :

  • Platon → Saint Augustin
  • Aristote → Saint Thomas d'Aquin

 

Cependant, le cynisme s'est transmis malgré l'absence de texte et s'est poursuivi comme attitude, c'est-à-dire plus comme manière d'être que comme doctrine.

Il y a eu un transfert du mode d'être cynique dans l'Europe chrétienne. Les pratiques ascétiques chrétiennes sont mises en œuvre comme témoignage de la vérité à la manière cynique.

On trouve beaucoup de textes de cette proximité entre la pratique du dépouillement cynique et l'ascèse chrétienne :

  • Lucien : mort théâtrale de Pérégrinus
  • Julien : critique du cynisme et de sa proximité avec la vie chrétienne
  • Saint Augustin : "peut-on reconnaître comme chrétien quelqu'un qui mène un mode de vie cynique ?" Peu importe le mode de vie, du moment qu'on professe la foi en Dieu
  • Les ordres mendiants du Moyen Âge interpellent les gens :
    • Les franciscains : totalement dépouillés
    • Les dominicains : Domi Canes = les chiens du seigneur
    • Mouvement Vaudois : ils suivent nus, la nudité du Christ

 

 

 

Rapprochement d'Héraclès et du Christ :

 

Héraclès :

  • C'est le fils de Zeus
  • Roi de misère et de combat
  • Plutôt que la vie facile, il a choisi une vie d'exercices, d'endurance et donc de souffrance
  • Il a reçu une mission
  • C'est après sa mort qu'il sera reconnu et déifié
  • Héraclès délivre Prométhée. Il l'a libéré de toutes les fausses croyances, il l'a libéré de ce qu'il croyait savoir sur la technique. 

 

Jésus :

  • C'est le fils de Dieu
  • Roi de misère : il porte la couronne d'épines
  • Lui aussi a choisi une vie difficile
  • Il a une mission
  • Il souffre sur la croix
  • C'est après sa mort qu'il sera déifié
  • Il délivre les hommes
  • Restitution à l'humanité de sa naturalité première
  • Le prédicateur annonce l'Apocalypse et les temps messianiques
  • Le cynique annonce, par sa vie autre, le monde à venir

 

Alors que tout le monde l'admire sur un marché suite à son éloge sur Héraclès, Diogène fait volontairement un geste indécent pour provoquer l'opprobre. Il y a ici une symétrie avec Jésus qui provoque sa crucifixion, son humiliation sur la croix = le roi caché, le roi anti-roi.

Il y a dramatisation de la vie souveraine : la vie militante.

 

Renversement :

Vie dissimulée → pratique de l'impudeur

Vie indépendante → pauvreté

Vie droite → animalité

Vie souveraine → vie militante, vie de combat

 

Le cynisme a été la matrice d'une longue série de figures historiques : ascétisme chrétien, combat spirituel contre ses péchés et combat pour le monde entier.

Le cynisme constitue la matrice d'une expérience éthique fondamentale en Occident : "Si Dieu t'engage dans la voie cynique, ce n'est pas pour que tu reçoives des coups, c'est pour que tu deviennes plus grand" (Épictète). Les coups rendent grands, ils éprouvent et perfectionnent. Les coups permettent de distinguer ce qui est du corps et ce qui est de l'âme. On supporte la violence et l'injustice non seulement pour devenir endurant, ce qui est la forme classique, mais aussi comme un exercice d'amitié, de lien avec tout le genre humain.

Le cynique ne doit pas se marier car il doit être tout entier au service de Dieu. Il est le veilleur universel. Il est en lien avec tous les individus, avec tout le genre humain. Il est responsable de l'humanité.

Il y a une idée similaire chez les chrétiens qui doivent christianiser le monde.




Symétrie entre ascétisme cynique et monde chrétien

 

Cynique = monde autre

Chrétien = l'autre monde → une vraie vie qui est une vie autre dans ce monde, et l'accès à l'autre monde comme accès à la vérité. L'autre monde fonde la vérité de cette vie autre qu'on mène dans ce monde = point de jonction entre ascétisme cynique et métaphysique platonicienne.

 

Le christianisme a développé le principe de l'obéissance à Dieu, à ses représentants, à l'autre. La vraie vie ne peut se prouver que par l'obéissance à l'autre. Et la vraie vie est indispensable pour avoir accès à l'autre monde.



Transformation de la parrêsia

 

Parrêsia Antique : le courage de l'individu qui seul en face des autres doit avoir une parole vraie, et doit leur dire ce qu'ils doivent faire = parrêsia sur un axe horizontal → rapport d'un individu aux autres = courage de l'individu vis-à-vis de ceux qui trompent.

 

Parrêsia Chrétienne : modalités du rapport à Dieu → transparence de l'âme qui s'ouvre à Dieu → mouvement ascendant de cette âme qui s'élève à Dieu = la parrêsia se situe sur un axe vertical. Ce n'est plus le courage de l'homme solitaire en face des autres qui se trompent, c'est la béatitude, la félicité de l'homme porté jusqu'à Dieu.

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