Foucault - L'ordre du discours (1970)


L'ordre du discours - Michel Foucault - 1970

Leçon inaugurale au Collège de France pour la chaire d'histoire des systèmes de pensée
Abrégé résumé par César Valentine



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Le désir dit : "Je ne voudrais pas avoir à entrer moi-même dans cet ordre hasardeux du discours, je voudrais qu'il soit tout autour de moi comme une transparence calme, profonde, indéfiniment ouverte, où les autres répondraient à mon attente, et d'où les vérités, une à une, se lèveraient".

 

Et l'Institution répond : "Tu n'as pas à craindre de commencer, nous sommes tous là pour te montrer que le discours est dans l'ordre des lois ; qu'on veille depuis longtemps sur son apparition ; qu'une place lui a été faite, qui l'honore mais le désarme ; et que s'il lui arrive d'avoir quelque pouvoir, c'est bien de nous, et de nous seulement, qu'il le tient".

 

Où est le danger du discours ? "Je suppose que dans toute société, la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour rôle d'en conjurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser les événements aléatoires, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité".

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Le discours est partout comme il y a partout une apparence de liberté de parole. Mais cette liberté de parole est une illusion, car bien que le discours soit partout, pas tout le monde en produit également. Il y a un ordre du discours de la même façon qu’il y a un ordre social.

L'étrangeté, c’est que l’ordre du discours ne crée pas un ordre véritable, mais un ordre hasardeux. Ce n’est pas ma force qui fera la force de mon discours, mais ma soumission.




Les procédures externes : procédures d'exclusions

 

1.  L'interdit (L’interdit effectue un partage entre le permis et l’interdit)

  • Pas le droit de tout dire
  • Pas le droit de dire n'importe comment
  • Pas le droit de dire n'importe où
  • Pas n’importe qui peut dire n’importe quoi

 

    Trois types d'interdits

  • Tabou de l'objet (sexualité ; politiquement correct…)
  • Rituel de la circonstance (des thèmes sont privilégiés au détriment d’autres)
  • Droit privilégié ou exclusif du sujet qui parle (sans l’autorité adéquat, les discours n’auront aucunes valeurs)

 

    Les interdits qui frappent le discours révèlent son lien avec le désir et le pouvoir :

  • Le discours ce n'est pas simplement ce qui manifeste ou ce qui cache le désir : le discours est l'objet du désir
  • Le discours n'est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination : le discours c'est le pouvoir dont on cherche à s'emparer (c’est-à-dire ce pour quoi et ce par quoi on lutte)

 

 

2.  La folie (la folie effectue un partage entre l’inclusion et l’exclusion)

Il y  a des gens qui sont pris au sérieux et d’autres qui ne le sont pas parce qu’ils sont fous ou mineurs. Le fou est celui dont le discours ne peut pas circuler comme le discours des autres. Le fou a donc une parole qui n'a ni vérité, ni importance. Mais il arrive qu'on lui prête, par opposition à toute autre parole, d'étranges pouvoirs :

  • Dire une vérité cachée
  • Prononcer l'avenir
  • Voir en toute naïveté ce que la sagesse des autres ne peut pas percevoir

Ainsi, la parole du fou est soit une parole ignorée, soit une parole écoutée comme parole de vérité.

 

 

3.  La volonté de vérité (la volonté de vérité effectue un partage entre le vrai et le faux)

La volonté de vérité s'appuie (comme tous les autres systèmes d'exclusion) sur un support institutionnel. Dans l'épistémè post-moderne, le vrai et le faux ont comme régime de vérité la référence scientifique. Le vrai discours, c’est le discours scientifique, donc tout discours qui n’use pas de la norme scientifique n’est pas un discours vrai. Un tel discours n’est pas non plus un discours faux, mais c’est un discours insignifiant, un discours qui ne vaut pas la peine d’être pris en compte. De fait, la poésie, ce n’est ni vrai ni faux. De plus, selon le type de discours la qualité de réception du discours ne sera pas la même. Un écologiste et un poète ne seront pas écoutés de la même façon.

La volonté de vérité est sans cesse renouvelée par la manière dont le savoir est mis en œuvre dans une société. Le savoir est valorisé, distribué, réparti et attribué. Il y a une distribution institutionnelle du discours. Cette distribution institutionnelle du discours exerce un pouvoir de contrainte sur les autres discours.

Exemple : 

 

  • La littérature occidentale a dû chercher appui depuis des siècles sur le naturel, le vraisemblable, sur la sincérité, la science, c'est-à-dire sur le discours vrai.
  • Les pratiques économiques depuis le 16e siècle ont cherché à se fonder, à se rationaliser et à se justifier sur une théorie des richesses et de la production.
  • Le système pénal a cherché sa justification d'abord dans une théorie du droit, puis à partir du 19e siècle, dans un savoir sociologique, psychologique, médical, psychiatrique. Donc même la parole de la loi ne peut être autorisée dans notre société que par un discours de vérité.

 

Donc trois grands systèmes d'exclusions frappent le discours :

  • La parole interdite
  • Le partage de la folie
  • La volonté de vérité

Ces trois systèmes d'exclusion ont pour but de maîtriser les pouvoirs du discours.

 

De plus en plus, la volonté de vérité essaie de reprendre à son compte la parole interdite et le partage de la folie. Et pourtant, c'est de la volonté de vérité que l'on parle le moins. Quelle en est la raison ? Ce qui est en jeu, c'est le désir et le pouvoir.

Le discours vrai par sa forme même d'être vrai, est affranchi du désir, et libéré du pouvoir. De fait, le discours vrai ne peut pas reconnaître la volonté de vérité qui le traverse. De plus, la volonté de vérité est si forte qu'elle masque la vérité qu'elle veut. 

Il nous apparaît donc une vérité qui est richesse, fécondité, force douce et universelle. Nous ignorons la volonté de vérité comme machinerie destinée à exclure. Nietzsche, Artaud et Bataille doivent nous servir de signes pour le travail de tous les jours, car ils ont contesté la vérité qui entreprend de justifier l'interdit, ou de définir la folie.

 

Ces trois procédures sont des systèmes d'exclusion, elles s'exercent de l'extérieur. Elles concernent la part du discours qui met en jeu le pouvoir et le désir.




Les procédures internes : procédures de contrôle du discours

 

On peut isoler un autre groupe : les procédures internes. Les discours eux-mêmes exercent leur propre contrôle : principes, classifications, ordonnancements, distributions. La finalité étant de maîtriser les événements et le hasard dans le discours.

 

1.  Le commentaire

On répète un récit fondateur, c’est-à-dire un récit majeur, en le faisant varier (discours du droit, des religions). Ce qui revient à dire qu'on soupçonne qu'il y a dans ce récit comme un secret ou une richesse. Il y a donc parmi les hommes ceux qui fondent et ceux qui répètent. Ceux qui sont dans une tradition discursive répètent et élaborent les concepts du discours fondateur. Seule une rupture dans l'ordre du savoir peut modifier la tradition du commentaire (on retrouve une idée similaire dans la notion de paradigme scientifique chez Kuhn)

Le décalage entre le texte premier et le texte second joue deux rôles qui sont solidaires :

  1. Le décalage permet de construire des discours nouveaux, par le surplomb, la permanence et le statut du discours premier.
  2. Le commentaire n'a pour rôle que de dire "enfin" ce qui était articulé silencieusement "là-bas".

 

Le commentaire doit dire pour la première fois ce qui avait été déjà dit, et répéter pourtant ce qui n'avait jamais été dit. Il n'y a peut-être à l'horizon du commentaire que la simple répétition. 

Le commentaire conjure le hasard du discours. Il dit autre chose que le texte même, mais à condition que ce soit ce texte même qui soit dit, et en quelque sorte "accompli". Le commentaire accomplit le texte qu'il commente (∆ = l'image accomplit l'objet qu'elle représente). Ainsi, le nouveau n'est pas dans ce qui est dit, mais dans l'événement de son retour.

 

2.  L'auteur

L’auteur est une limitation à l’accès de l'ordre du discours, il n’y a pas tout le monde peut produire un discours. Dans l'ordre du discours littéraire, la fonction de l'auteur s'est renforcée : de l'anonymat des écrits au Moyen-Âge, on leur demande aujourd'hui de dire d'où ils viennent. On demande à l'auteur de rendre compte de l'unité de son texte. C'est-à-dire que l'auteur doit révéler le sens caché qui traverse son texte.

Le commentaire limitait le hasard du discours par le jeu d'une identité qui a la forme de la “répétition” et du “même”. Le principe de l'auteur limite ce même hasard par le jeu d'une identité qui a la forme de “l'individualité” et du “moi”.

 

L'organisation des disciplines s'oppose au principe du commentaire et au principe de l'auteur : 

  • Opposée à l'auteur, car la discipline est un système anonyme à la disposition de qui veut ou peut s'en servir, sans que sa validité ou son sens soient liés à son inventeur.
  • Opposée au commentaire, car ce qui est supposé au départ, ce n'est pas un sens qui doit être redécouvert, ni une identité qui doit être répétée, mais c'est ce qui est requis pour la construction de nouveaux énoncés.

 

Il y a discipline quand il y a possibilité de formuler indéfiniment des propositions nouvelles. De plus, une discipline n'est pas la somme de tout ce qui peut être dit de vrai à propos de quelque chose. Pour qu'une proposition appartienne à une discipline, elle doit s'adresser à un plan d'objets déterminés.

Exemple : au 19e siècle, une proposition n'était plus médicale si elle tombait "hors-médecine" (interdiction d'user de notions jugées métaphoriques). 

Pour qu'une proposition appartienne à une discipline elle doit donc s'adresser à un plan d'objets déterminés, mais elle doit aussi pouvoir s'inscrire sur un certain type d'horizon théorique. Donc, la discipline, en reconnaissant des propositions vraies et fausses, repousse hors de son territoire tout un savoir jugé comme étant une anomalie. De fait, l'extérieur d'une science est toujours plus et moins peuplé qu'on ne le croit. C'est-à-dire plus peuplé de savoir et moins peuplé de monstres.

 

La discipline est un principe de contrôle de la production de discours. Donc tout ce que l'on voit comme des ressources infinies pour la création des discours dans la fécondité d'un auteur, dans la multiplicité des commentaires, dans le développement d'une discipline, ne sont en fait que des principes de contraintes. En d'autres mots, ce que l'on prend pour une ressource est une contrainte. Donc pour rendre compte de leur rôle positif et multiplicateur, il faut prendre en considération leur fonction restrictive et contraignante.

 

Il y a donc deux procédures internes de contrôle du discours : le commentaire et l'auteur. En tant que principes de contrôle, ils maîtrisent le hasard dans le discours.





Les procédures d’appropriation et de raréfaction du discours : procédures de mise en jeu et de contrôle

 

Le rituel
Le rituel de communication définit la qualification des sujets qui parlent. Il définit les gestes, les comportements, les circonstances, l'effet des paroles : discours religieux, judiciaire, thérapeutique, politique.
Le rituel détermine les conditions de mise en jeu des discours = raréfaction des sujets parlant. Pour le dire autrement, on est pris au sérieux en tant que philosophe seulement si on a fait des études de philosophie.


La doctrine
Il y a des sociétés de discours, c’est-à-dire une appartenance à un groupe : le groupe des poètes, des scientifiques, des conteurs… Il y a donc en somme des groupes d’appartenance. Il est excessivement dur d’être indépendant (artiste indépendant, chercheur indépendant, poète indépendant…). De sorte que l’originalité est rare dans les sociétés de discours, et de plus, l’innovation peut être sanctionnée. L'ordre du discours est donc un ordre consérvateur. L’originalité n’est pas encouragée par l'institution.

La doctrine, à l'inverse du rituel, tend à se diffuser. La doctrine lie les individus à des types d’énonciation, et elle se sert en retour de types d'énonciation pour lier des individus entre eux, et les différencier par là même de tous les autres = double assujettissement.

 

Les systèmes d'éducation
Tout système d'éducation est une manière politique de maintenir ou de modifier l'appropriation des discours avec les savoirs et les pouvoirs qu'ils emportent avec eux. Il y a ceux qui produisent les discours et ceux qui les reçoivent.
Un système d'enseignement est une ritualisation de la parole, la constitution d'un groupe doctrinale.
L'écriture des écrivains est un système semblable d'assujettissement, comme l'est le système judiciaire, médical. 
Une société des discours, c’est une société secrète, il y a des rituels d’initiations. Il faut huit ans pour avoir un doctorat, en d’autres mots, c’est une initiation de huit ans. Il faut donc des moyens pour suivre cette initiation. Les initiés peuvent à leur tour devenir des initiateurs. Le secret c’est donc de donner le savoir au goute à goute. La transmission ne dépossède pas de sa compétence le sujet qui transmet. Il y a donc une dimension conservatrice dans la transmission.




La pensée du discontinu 

1.  Le sujet fondateur
Ce qui s'oppose à une pensée du discontinu, c'est le thème du sujet fondateur : le sujet fondateur fonde des horizons de significations que l'histoire n'aura alors plus qu'à expliciter. Les signes qu'il laisse ne sont pas des discours, mais des marques, des traces, des lettres.

2.  L'expérience originaire
Ce qui s'oppose aussi à une pensée du discontinu, c'est le thème de l'expérience originaire. Il suppose qu'au ras de l'expérience, avant même qu'elle soit saisie par le sujet, des significations premières parcouraient le monde, ouvrant le monde à une primitive reconnaissance. Nous pourrions ainsi parler du monde car il y aurait une complicité première avec lui.

3.  L'universelle médiation
Ce qui s'oppose encore à une pensée du discontinu et qui soustrait la réalité du discours, c'est le thème de l'universelle médiation : le fait de retrouver partout le mouvement d'un logos qui élève les singularités jusqu'au concept, et qui déploie la rationalité du monde. C'est en fait mettre le discours lui-même au centre de la spéculation.
Mais le discours n'est que le miroitement d'une vérité en train de naître à ses propres yeux. Et quand tout peut prendre la forme du discours, c'est parce que toutes choses ayant manifesté et échangé leur sens, peuvent rentrer dans l'intériorité silencieuse de la conscience de soi. 

 

Le discours n'est rien de plus :

  • Qu'un jeu d'écriture
  • Qu'un jeu de lecture
  • Qu'un jeu d'échange

Ces jeux ne mettent en jeu que des signes. Le discours s'annule en se mettant à l'ordre du signifiant (le signifiant est la partie matérielle du signe : phonèmes ou sons, caractères écrits. Donc il me semble que le signifiant du jeu d'écriture, c'est le livre, le signifiant du jeu de lecture : l'orateur, le signifiant du jeu d'échange : les structures institutionnelles).

 

Sous une apparente vénération du discours se cache une crainte. Tous ces interdits cherchent à maîtriser le discours pour que sa richesse soit allégée de sa part la plus dangereuse, et que son désordre soit organisé pour esquiver son désordre le plus incontrôlable = retirer de sa richesse le dangereux, et retirer de son désordre l'incontrôlable.

il y a donc une crainte sourde contre le surgissement de tous les énoncés violents, discontinus, batailleurs, périlleux, désordonnés.

 

Il faut prendre trois décisions pour analyser la crainte du discours :

  1. Remettre en question notre volonté de vérité
  2. Restituer au discours son caractère d'événement
  3. Lever la souveraineté du signifiant




Méthode exigée

1.  Un principe de renversement
Au lieu de reconnaître la source des discours et de leur continuité dans les figures positives de l'auteur, de la discipline et de la volonté de vérité, il faut reconnaître le jeu négatif d'une découpe et d'une raréfaction du discours = les contraintes, les principes de raréfaction.

2.  Un principe de discontinuité
Ne pas imaginer qu'il régnerait un grand discours illimité, continu et silencieux qui serait réprimé ou refoulé. Les discours doivent être traités comme des pratiques discontinues, qui se croisent, mais aussi qui s'ignorent.

3.  Un principe de spécificité
Il n'y a pas de providence prédiscursive, il faut concevoir le discours comme une violence faite aux choses. Le monde ne tourne pas vers nous un visage lisible. Le discours est une pratique que nous imposons aux choses.

4. Un principe d'extériorité
Ne pas aller du discours vers son noyau intérieur et caché. À partir du discours, de son apparition et de sa régularité, aller vers ses conditions externes de possibilités.

 

Donc quatre notions doivent servir de principe régulateur à l'analyse :

  1. L'événement
  2. La série
  3. La régularité
  4. La condition de possibilité

 

Ces notions s'opposent à quatre notions qui ont dominé l'histoire traditionnelle des idées où on cherchait :

  1. Le point de la création
  2. L'unité d'une œuvre, d'une époque, d'un thème
  3. La marque de l'originalité individuelle
  4. Le trésor indéfini des significations enfouies

 

Faire une philosophie de l'événement, c'est donc introduire à la racine de la pensée : le hasard, le discontinu, la matérialité. Soit un triple péril qu'une certaine forme d'histoire essaie de conjurer en racontant le déroulement continu d'une nécessité idéale (donc Foucault parle ici contre Hegel)

 

Il y a donc deux ensembles d'analyses à faire :

  1. L'ensemble critique
  2. L'ensemble généalogique



1.  L'ensemble critique
Il fonctionne selon le principe de renversement : cerner les formes de l'exclusion, de la limitation de l'appropriation, de rareté du discours. Donc la part critique s'attache aux systèmes d'enveloppement du discours.

2.  L'ensemble généalogique
Il met en œuvre trois principes :

  1. Comment se sont formés en travers, en dépit, ou avec l'appui de ces systèmes de contraintes, des séries de discours
  2. Quelle a été la norme spécifique de chacune des séries de discours
  3. Quels ont été leurs conditions d'apparition, de croissance, de variation

 

La part généalogique essaie de saisir le discours dans son pouvoir d'affirmation = le pouvoir de constituer des objets (dont le domaine est la positivité).
Donc l'analyse du discours ne dévoile pas l'universalité d'un sens, elle met au jour le jeu de la rareté imposée, avec un pouvoir fondamental d'affirmation. Donc rareté de l'affirmation et non pas générosité continue du sens, ni monarchie du signifiant = tentative d'échapper à Hegel.
Vouloir échapper à Hegel, cela suppose de savoir jusqu'où Hegel s'est approché de nous. Mais peut-on encore philosopher là où Hegel n'est plus possible ? Ce qui est non hégélien dans notre pensée, est-il nécessairement non-philosophique ?
Il faut se servir du système hégélien non pas comme un univers rassurant, mais comme un risque philosophique extrême : la philosophie comme pensée inaccessible de la totalité = ce qu'il y a de répétable dans l'extrême irrégularité de l'expérience.
Puisqu'elle est répétition, la philosophie n'est pas ultérieure au concept, elle n'a pas à poursuivre l'édifice de l'abstraction, elle doit se tenir en retrait, rompre avec ses généralités acquises et se remettre au contact de la non-philosophie, c'est-à-dire s'approcher non pas de ce qui l'achève, mais de ce qui la précède, de ce qui n'est pas encore éveillé à son inquiétude.

Et si elle est dans ce contact répété avec la non-philosophie, le commencement de la philosophie est secrètement présent dans la non-philosophie.

Il y a donc substitution du mouvement hégélien au fondement du discours philosophique et de sa structure formelle.



 

Pour résumer
L'ordre du discours, c'est l'ensemble des procédures d'accès à la parole. Pour avoir accès au discours, il faut passer par toutes ces procédures de qualification, c'est-à-dire passer un cursus de sélection. Dans la vie quotidienne, les hiérarchies sont moins visibles, mais dans un domaine de pratique, l'ordre du discours est très présent. Le statut des individus dans les institutions est subordonné à l'ensemble de ces procédures, et il est donc produit par l'ensemble de ces procédures (procédures externes, internes, et de mise en jeu). Être sujet, c'est donc être constitué par un ordre social.

 

 

 

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