Carlo Cafiero - Abrégé du Capital de Karl Marx (1878)


Abrégé de l'abrégé du Capital de Karl Marx par Carlo Cafiero (1878)
- résumé de César Valentine -    




 

Cafiero a écrit l’Abrégé du Capital de Marx durant l’hiver 1877-1878 alors qu'il était enfermé avec ses amis dans la prison de Santa Maria Capua Vetere après le mouvement insurrectionnel de 1877 dans les provinces de Bénévent et de Caserte.
L'abrégé parut en 1879 en un petit volume de la Biblioteca socialista.
Lors d'un séjour en France la même année, Cafiero envoya deux exemplaires de son livre à Karl Marx, avec la lettre suivante :

 

 

Les Molieres, 23 juillet 1879.

Très estimé Monsieur,

   Je vous expédie par le même courrier deux exemplaires de votre œuvre Le Capital, brièvement résumé par moi.
   J’aurais voulu vous les envoyer plus tôt, mais c’est maintenant seulement que j’ai réussi à obtenir quelques exemplaires de la bienveillance d’un ami, qui par son intervention a réussi à déterminer la publication du livre.
   Même, si j’avais pu faire la publication à mes frais, j’aurais désiré soumettre auparavant le manuscrit à votre examen. Mais dans la crainte de me voir manquer une occasion favorable, je me suis empressé de consentir à la publication qui m’était proposée. Et c’est seulement maintenant qu’il m’est donné de m’adresser à vous pour vous prier de vouloir me dire si dans mon étude j’ai réussi à comprendre et à exprimer la pensée exacte de l’auteur.
   Je vous prie, Monsieur, de vouloir agréer les expressions de mon plus vif respect et de me croire. 

Votre très dévoué,

Carlo Cafiero

 

 

Réponse de Karl Marx :

29 juillet 1879 41, Maitland Park Road 68 London. NW.

Cher citoyen,

   Mes remerciements les plus sincères pour les deux exemplaires de votre travail ! Il y a quelque temps que j’ai reçu deux travaux semblables, l’un écrit en serbe, l’autre en anglais, mais péchant l’un et l’autre par ceci : en voulant donner un résumé succinct et populaire du « Capital », ils s’attachaient en même temps trop pédantiquement à la forme scientifique du développement. De cette manière, ils me semblent manquer plus ou moins leur but principal, celui d’impressionner le public auquel les résumés sont destinés. Et voilà la grande supériorité de votre travail !
   Quant au concept de la chose, je ne crois pas me tromper en attribuant aux considérations exposées dans votre préface une lacune apparente, savoir la preuve que les conditions matérielles nécessaires à l’émancipation du prolétariat sont d’une manière spontanée engendrées par la marche de l’exploitation capitaliste. Du reste, je suis de votre avis – si j’ai bien interprété votre préface – qu’il ne faut pas surcharger l’esprit des gens qu’on se propose d’éduquer. Rien ne vous empêche de revenir en temps opportun à la charge pour faire ressortir davantage cette base matérialiste du « Capital ».
   En renouvelant mes remerciements, je suis votre très dévoué

Karl Marx.

 

 

 

Chapitre 1 : Marchandise, monnaie, richesse et capital

 

La marchandise est un objet qui a 2 sortes de valeur :

  1. La valeur d'usage : elle est fondée sur les qualités propres de la marchandise
  2. La valeur d'échange : ce contre quoi je peux échanger la marchandise

 

C’est la valeur d'échange qui permet d'échanger des marchandises qui, parce qu'elles sont différentes, ont des valeurs d'usage différentes.

La base de la valeur d'échange (qui est la valeur proprement dite) c'est le travail humain nécessaire pour la production.

La substance de la valeur est donc le travail humain.

La valeur est déterminée par le travail.

Donc la substance de la valeur étant le travail, elle est la même dans toutes les marchandises.

 

Cependant, le travail qui forme la substance de la valeur n'est pas le travail de Pierre ou de Paul, mais c'est un travail moyen qui est toujours égal. C'est le travail social.

La marchandise ne peut naître que par l'opération du travail.
L'air, la terre vierge... sont utiles à l'homme, mais ne sont pas pour lui un produit de son travail, donc ne sont pas une marchandise, donc n’ont pas pour l'homme de valeur.

Les marchandises s'échangent entre elles.

La monnaie est une marchandise qui sert d'équivalent général.

 

Pour que des marchandises puissent s'échanger, leur valeur d'échange doit être égale, donc le travail nécessaire pour produire l'une doit être égal au travail nécessaire pour produire l'autre.

 

L'apparition de l'argent met fin aux échanges directs, donc la formule des échanges devient :

Marchandise  ➞ monnaie ➞ marchandise ➞ monnaie

Posséder des marchandises ou de la monnaie, c'est posséder une certaine richesse, et si nous pouvons faire se développer cette richesse, nous aurons le capital.

L'essence du capital repose sur la possibilité d'obtenir que la monnaie prolifère.

 

Donc la formule du capital est :

Monnaie ➞ marchandise ➞ monnaie+ ➞ marchandise ➞ monnaie++ = augmentation de la monnaie entre chaque échange



 

Chapitre 2 : Comment naît le capital

 

Donc la question du capital est de trouver une marchandise qui rapporte plus qu'elle n'a coûté.

Il faut une marchandise élastique, cette marchandise c'est la force de travail.

Le salarié ne vend pas l'intégralité de sa force, il en vend une partie, pour un temps donné.

Le prix de la force de travail se calcule en prenant le prix des aliments, des vêtements, du logement, et de tout ce dont a besoin le travailleur en une année, lui et ses enfants.

On divise cette somme par 365, et on a le chiffre de ce qui est nécessaire chaque jour pour maintenir la force de travail : le salaire journalier du travailleur.

La valeur des choses nécessaires au travailleur équivaut à la valeur de sa force de travail.

Donc si le travailleur a besoin de 3 francs par jour, 3 francs seront le prix de sa force de travail pour un jour.

Les éléments du travail sont au nombre de trois :

  1. La force de travail
  2. La matière première du travail
  3. Le moyen de travail

 

Le processeur d'argent achète les trois.

Le travail se résume à une consommation de ces trois éléments.

 

Imaginons un ouvrier fileur :

Quand le coton est transformé, la marchandise gagne de la valeur. Une fois payé le salaire de l'ouvrier, la matière première et les outils à leur juste prix, le patron revend la marchandise plus chère. Il revend donc le coton plus cher que ce qu'il l’a acheté.

Or il existe une différence entre le prix de la force de travail et le produit de cette force de travail, car le salaire ne représente pas ce que l'ouvrier produit.

La force de travail rend plus qu'elle ne coûte.

Le capitaliste a gagné de l'argent.

Le problème est résolu : le capital est né.



 

Chapitre 3 : La journée de travail

 

Aussitôt né, le capital éprouve le besoin de prendre de la nourriture pour se développer.

 

Prolongation de la journée de travail :

Le capitaliste a acheté la force de travail à sa valeur d'une journée, or si un jour de travail est évidemment inférieur à 24 heures, il peut cependant faire 8h, 10h, 12h, 18h

C'est le capitaliste qui décide quelle est la limite nécessaire de la journée de travail.

Mais ce qui est une augmentation du capital pour le capitaliste est un excès de dépense de force de travail pour l'ouvrier.

Ainsi, le capitaliste paye à l'ouvrier une force de travail d'une journée, mais consomme une force de travail de 3 journées.

Or, le capitaliste exerce son droit d’acheteur en voulant acheter le moins cher possible en allongeant la journée de travail.

Et l’ouvrier exerce aussi son droit comme vendeur quand il veut diminuer la durée de la journée de travail.

Nous sommes alors dans une situation de droit contre droit.

Et entre deux droits égaux, c'est la force qui décide.

Or nous verrons qu'aujourd'hui la force appartient au capital, et que beaucoup d'ouvriers meurent jeunes par excès de travail.

 

 

 

Chapitre 4 : la plus-value relative

 

Donc la force de travail créant une plus-value engendre le capital.

Mais le capital croît, et donc la plus-value doit augmenter aussi, or l’augmentation de la plus-value est produite par la prolongation de la journée de travail.

Cependant, cette journée ne peut pas faire plus de 24 heures et l'ouvrier a besoin de dormir.

 


 

 

Puisque la limite B est insurmontable, le capitaliste peut surmonter la limite C.
En transposant la limite C au point D on aura accru le surtravail et diminué par là même le travail nécessaire. Cela a pour effet de créer la plus-value relative (la plus-value absolue est l'augmentation de la journée de travail).
La plus-value relative se fonde sur la diminution du travail nécessaire.
La diminution du travail nécessaire se fonde sur la diminution du salaire.
La diminution du salaire se fonde sur la diminution du prix des choses nécessaires à l'ouvrier.
Donc la plus-value relative est fondée sur l'abaissement de la valeur des marchandises dont l'ouvrier a besoin.
Quand l'augmentation de la production porte sur les marchandises nécessaires aux travailleurs, elle a pour résultat l'abaissement du prix de la force de travail, et par suite, la diminution du travail nécessaire et l'augmentation du surtravail qui produit la plus-value relative.



 

Chapitre 5 : Coopération

 

Quand le capitaliste prospère, le capital grandit et a de nouveaux besoins. Le capitaliste met alors en place le travail coopératif.

 

« Nous voyons à la besogne, maintenant, non plus un ouvrier, mais une grande quantité d’ouvriers, tous silencieux et rangés en bon ordre comme autant de soldats ».

 

4 avantages que le capital trouve dans la coopération :

  1. Réaliser le travail social = obtenir la force moyenne d'un centre de production
  2. L'économie des moyens de travail (ex : l'électricité)
  3. L'augmentation de la force de travail
  4. Possibilité de combiner les forces, de façon à pouvoir exécuter des travaux impossibles pour un seul homme



 

Chapitre 6 : Division du travail et manufacture

 

Quand le capitaliste réunit dans son atelier les ouvriers, il donne à la coopération un caractère spécial : Il établit la division du travail.

 

La manufacture tantôt réunit plusieurs métiers en un seul, tantôt divise un métier en plusieurs. Ainsi, les forces et les instruments de travail s'appliquent à une seule et unique opération élémentaire.

Donc à la fois une grande technicité et une grande simplicité.

 

Avantages de la spécialisation des forces de travail :

 

  1. La force de travail gagne en intensité et en précision
    = disparition des pauses entre les diverses phases de fabrication puisque l'individu exécute maintenant la même opération.

 

  1. L'ouvrier n'a plus à apprendre tout un métier, mais seulement une opération unique et toute simple de ce métier
    = diminution de temps et de dépense dans l'apprentissage d'un métier augmentant conséquemment le surtravail et la plus-value.

 

« Tout ce qui raccourcit le temps nécessaire à la reproduction de la force de travail agrandit le domaine du surtravail ».

 

« La manufacture déforme le travailleur en développant de façon monstrueuse sa dextérité de détails au dépend de tout un monde d'aptitude productive ».

 

« Originairement, l'ouvrier vend au capitaliste sa force de travail, parce que les moyens matériels de la production lui manquent. Maintenant, sa force individuelle de travail n'existe plus qu'à la condition d'être vendue. Elle ne peut plus fonctionner que dans un ensemble qu'elle trouve seulement dans l'atelier du capitaliste, après s'être vendue ».

 

Un ouvrier qui connaît un métier peux travailler partout et trouver de quoi vivre. L'ouvrier des manufactures n'est qu'un accessoire, qui n'a plus de capacité quand il est seul.

 

Autre phénomène : les puissances intellectuelles de la production se développent d'un seul côté parce qu'elles disparaissent du côté des ouvriers.

  1. Cette séparation commence déjà dans la simple coopération où le capitalisme représente vis-à-vis du travailleur isolé l'unité et la volonté du travailleur collectif.
  2. Cette séparation continue dans la manufacture où elle fait du travailleur un ouvrier parcellaire.
  3. La séparation s'achève dans la grande industrie qui sépare la science du travail.

 

Donc l'enrichissement du capital a pour condition l'appauvrissement du travailleur.

= Pathologie industrielle.

 

« L’esprit de la plupart des hommes se développe nécessairement en conformité de leurs occupations de chaque jour. Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples n'a aucune occasion d'exercer son intelligence. Et dans toute société industrielle et civilisée, c’est là l'état où doit tomber nécessairement le pauvre, c'est-à-dire la grande masse du peuple » (Adam Smith).

 

« Subdiviser un homme, c'est l'exécuter s'il a mérité la sentence, et l'assassiner s'il ne l'a pas méritée. La subdivision du travail est l'assassinat d'un peuple » (D. Urquhart).

 

« Par hommes cultivés, on doit d'abord entendre ceux qui peuvent faire tout ce que font les autres » (Hegel).

 

Donc la division du travail, qui permet d'accroître le capital (= la richesse nationale) aux dépens du travailleur, apparaît d'une part comme un progrès historique et comme une phase de développement économique de la société, mais est d'autre part, un moyen civilisé et raffiné d'exploitation.



 

Chapitre 7 : machines et grande industrie

 

Le but des applications capitalistes des machines n'est pas de soulager la fatigue des travailleurs. Leur emploi est destiné à diminuer le prix des marchandises, de façon à raccourcir la portion de la journée de travail dont l'ouvrier a besoin pour payer son entretien, et à allonger la partie qu'il donne pour rien au capitaliste (c’est-à-dire qu’il donne sans rémunération).

La machine est donc pour le capitaliste un moyen de produire de la plus-value.

 

Le capitaliste fait de la machine l'organe de l'opération manuelle, et ne laisse à l'ouvrier que l'emploi de surveillant.

Grâce à la machine, le capitaliste fait de gros profits au début, mais puisque la mécanisation se propage dans toutes les manufactures, le gain extraordinaire cesse, et il ne reste que l'augmentation de la production.

Cette augmentation de la production, elle aussi rendue générale, diminue la valeur des choses nécessaires à l'ouvrier, et donc la durée du travail nécessaire, le taux du salaire, et augmente ainsi le surtravail et la plus-value.

 

Malgré la mécanisation, les gens n'ont pas moins travaillé, bien au contraire, ils ont même travaillé plus.

 

L'introduction de la machine a permis au capital de faire travailler les femmes et les enfants.

Donc la machine qui était un fabuleux moyen de diminuer le labeur de l'homme, s'est changé en un moyen d'augmenter le nombre de salariés.

Hommes, femmes et enfants se retrouvèrent sous le bâton du capital. Le capital vola les jeux de l'enfance, mais vola aussi le travail libre dans la famille, et pour la famille.

Autrefois, une seule personne devait travailler pour faire vivre une famille. Aujourd'hui, quatre personnes doivent travailler en fournissant par là-même 4 surtravail au capital.

= Intensification du degré d'exploitation.

 

La machine s'use, mais aussi la machine perd de la valeur à mesure que de nouvelles machines apparaissent sur le marché.

Donc le capitaliste a besoin de faire travailler sa machine le plus possible = prolongation du travail quotidien en introduisant le travail de nuit et le système des relais (les ⅜ aujourd'hui)

Le but étant de récupérer le plus de bénéfices possibles avant que sa machine ne soit concurrencée.

 

Paradoxalement, puisque la vitesse des machines a augmenté, l'effort des ouvriers a aussi augmenté, à cause du degré plus grand d’attention et d'activité exigé de l'ouvrier.

 

Dans la manufacture et dans le métier, l'ouvrier se sert de l'outil.
Dans la fabrique, c'est l'ouvrier qui sert la machine.

 

« La facilité même du travail devient un moyen de torture, car la machine ne libère pas le travailleur du travail, mais elle prive son travail de contenu ».

 

L’habileté de détail de l'ouvrier individuel disparaît, comme réduite à un accessoire dans les forces prodigieuses qui s'incarnent dans la machine, et qui constituent avec la machine la puissance du maître.

Cette subordination technique de l'ouvrier à la marche uniforme de la machine, crée une discipline de caserne = régime des fabriques. C'est là que se développe à son plus haut degré cette organisation de surveillance. C'est dans la fabrique que s'est inventé et mis en place un code de discipline rigoureux.

 

Dans le code de la fabrique, il n'y a pas de séparation des pouvoirs pourtant si chère à la bourgeoisie, et il n'y a pas non plus de système représentatif.

Le fouet est remplacé par le livret de punitions, les coups sont remplacés par des amendes et des retenues sur salaire. Le fabricant est le législateur absolu. Il légitime son règlement en disant : « puisque vous avez librement accepté ce contrat, vous devez vous y soumettre ».

(Voir page 78 pour des exemples concrets de procès intentés contre des ouvriers).

 

« Il faut du temps et de l'expérience avant que les ouvriers, ayant appris à distinguer entre la machine et l'emploi qu'en fait le capitalisme, dirigent leurs attaques non plus contre le moyen de production lui-même, mais contre sa forme sociale d'exploitation »



 

Chapitre 8 : Le salaire

 

Pour les capitalistes, le salaire est le paiement du travail, et la plus-value est le produit du capital.

 

Mais qu'est-ce que le travail ?

 

  • Soit le travail se trouve dans le travailleur : Le travail est la force, le pouvoir de faire une chose
    = Le travail est la force de travail

 

  • Soit le travail est sorti du travailleur : Le travail est cette chose même déjà faite
    = Le travail est la marchandise

 

Le travailleur ne peut pas vendre le travail déjà sorti de lui (la marchandise), car elle appartient au capitaliste.

Donc le travailleur ne peut vendre que sa force de travail.

Comme toute marchandise, la force de travail a une valeur d'usage et une valeur d'échange.

Le capitaliste paie au travailleur la valeur d'échange de sa force de travail. Mais par ce paiement, il obtient aussi la valeur d'usage de la force de travail de l'ouvrier.

 

Or, la valeur d'usage de la force de travail a une double qualité :

  1. Comme toutes les autres marchandises, la valeur d'usage satisfait un besoin
  2. Ce qui la différencie de toutes les autres marchandises, et ce qui fait donc de la force de travail une marchandise spéciale, c'est qu'elle crée de la valeur

 

Donc le salaire ne représente pas le prix du travail, il représente le prix de la force de travail.

Et la plus-value n'est pas un produit du capital qui n'est qu'une matière inerte.

Seule la force de travail peut produire la plus-value.

 

Les deux formes principales du salaire sont :

 

  1. Le salaire au temps voit les journées se rallonger au maximum et ainsi le salaire/heure baisser.
  2. Le salaire aux pièces : « La qualité et l'intensité du travail étant ainsi contrôlée par la force même du salaire, une grande partie du travail de surveillance devient superflue. Cette forme constitue ainsi la base du travail à domicile moderne, et de tout un système hiérarchiquement organisé d'exploitation et d'oppression ».

 

« Le salaire aux pièces pousse l'ouvrier à intensifier son effort de travail pour gagner plus. Cela facilite au capitaliste une élévation du degré normal de l'intensité »

 

Exemple de technique du capitaliste :

 

  • Placer dans un atelier comme chef un homme à la force physique et à l'habileté supérieure à la moyenne. On lui paie un supplément de salaire à la condition qu'il fasse tout son possible pour susciter la plus vive émulation chez les travailleurs sous ses ordres, qui eux, ne reçoivent que le salaire ordinaire = élévation du degré normal de l'intensité.

 

L'augmentation de la production est suivie de la diminution proportionnelle du salaire.

 

Exemple :

Avant : 12 pièces en 12 heures à 26 centimes par pièce

Après : La production a doublé = 24 pièces en 12 heures. Le capitaliste abaisse le salaire de moitié = 13 centimes par pièce

 

La diminution du salaire n'est jamais suivie d'une diminution correspondante du prix de vente de la marchandise.

À toutes les réclamations des travailleurs, le capital répond : « la productivité du travail ne regarde pas le travailleur »




Chapitre 9 : l'accumulation du capital

 

La conservation du capital repose sur sa reproduction successive et continue.

 

Le capital se divise en :

 

  • Le capital constant : moyens de travail, matières premières. Les machines s'usent, les matières s'usent, l'usine elle-même s'use.
    Mais en même temps que le travail use le capital, il le reproduit dans les mêmes proportions, le capital constant est reproduit dans la marchandise.

 

  • Le capital variable : le capital variable est représenté par le salaire, lui aussi est reproduit dans la valeur de la marchandise.

 

Dans son travail, l’ouvrier commence par reproduire son salaire, puis il produit de la plus-value.

Le salaire est payé quand l'ouvrier a fini son travail. Donc il ne touche son salaire qu'après en avoir déjà reproduit la valeur dans la marchandise du capitaliste.

 

Le maître est hautement intéressé à la conservation de son esclave. Le maître dépense plus pour son esclave que le capitaliste ne dépense pour son salarié.

 

Le morceau de terre laissé au serf par son seigneur, est ce que le serf a pour vivre. Le reste de son temps il doit travailler pour son seigneur.

On pense un peu vite que le salariat est un état supérieur au servage, et que le servage est un état supérieur à l'esclavage. Mais le travailleur ne possède que sa force de travail, il ne peut donc que vendre sa force de travail.

Le produit du travailleur appartient au capitaliste, il paie au prolétaire un salaire, c'est-à-dire qu'il lui paie son entretien.

Donc l'esclave, le serf et l'ouvrier travaillent pour produire ce qui est nécessaire à leur entretien, et pour le profit de leurs maîtres.

L’homme dépourvu de toute accumulation antérieure est toujours assujetti à l'homme qui possède une accumulation ancienne.

 

Les petits voleurs sont mis aux fers, les grands voleurs se prélassent dans l'or et dans la soie.

 

L’accumulation du capital voit les systèmes de productions se perfectionner et augmenter tandis que le besoin de force de travail diminue, entraînant la baisse des salaires. Cela a pour effet de créer une surpopulation ouvrière relative qui devient une armée industrielle de réserve. Cela conduit au paupérisme.

Donc le travail rend pauvre.




Chapitre 10 : L’accumulation primitive

 

Comment une telle situation a pu arriver ?

 

L’ouvrier n'a que sa force de travail, il ne possède pas les moyens de production et les matières premières.

 

Certains bourgeois expliquent que cela est juste, car dans un temps lointain seul un petit nombre d'hommes ont été laborieux, tandis que tous les autres étaient paresseux. La vertu a rendu riche les premiers, et le vice a rendu misérables les seconds. Ils furent donc obligés de se vendre, eux et leurs descendants, aux riches = péché originel.

Mais l'origine de l'accumulation primitive, ce sont les guerres, les meurtres, le vol, les carnages.

La bourgeoisie a fait du serf un libre travailleur qui n'a pas d'autre alternative que de se faire exploiter par le capitaliste, ou de mourir de faim.

 

Comment a eu lieu l'expropriation des agriculteurs et la formation des masses ouvrières en Angleterre :

 

Le servage disparaît à la fin du 14e siècle.

La majorité de la population se compose alors de paysans libres et de propriétaires.

Les paysans travaillaient donc pour eux, mais aussi pour les grands propriétaires fonciers.

 

Il y avait 2 classes de paysans :

  • Les paysans propriétaires
  • Les paysans salariés = sans être propriétaires, ils jouissaient d'un petit terrain, ainsi que du droit de profiter des terres communales.

 

À la fin du 15e début du 16e, il y eut une hausse des prix et donc un appauvrissement des classes sociales ayant un revenu fixe. Donc un appauvrissement aussi de la noblesse féodale.

Cela eut pour effet le licenciement des valets qui travaillaient pour les seigneurs, créant une masse de prolétaire.

L’épanouissement des manufactures de draps entraîna l'augmentation du prix de la laine, et ainsi, les terres labourables se transformèrent en pâturage à mouton.

Il y eut une usurpation des biens communaux, et l'expulsion des paysans qui travaillaient autrefois sur les terres féodales.

Des villes furent ruinées tandis que d'autres devinrent riches.

Au 16e siècle, la réforme et le vol des biens de l'église jeta les habitants de leurs anciens domaines dans le prolétariat.

Il fût voté des lois sur le paupérisme autorisant l'enfermement des pauvres avec travail forcé.

Au 18e siècle, la « loi sur la clôture des terres communales » permet aux landlords de s'attribuer la propriété populaire comme propriété privée. Cela a pour effet de transformer les terres labourables en pâturage. Et là où vivaient des centaines de familles il en resta moins que dix.

Ainsi, tous les petits propriétaires et les petits fermiers ont été réduits à l'état de journaliers et de mercenaires.

Puis une partie des pâturages fut converti en terrains de chasse, donc ce qui pouvait servir aux cultures fût consacré au plaisir d'une poignée d'hommes.

Mais puisque le revenu de ces terres qui se vendent une fortune a augmenté, les économistes concluent que la richesse nationale s'est accrue.

Les hommes brusquement arrachés à leurs conditions habituelles d'existence, ne pouvant d'un coup s'adapter, se transformèrent en mendiants et en voleurs.

Cela entraîna dès la fin du 15e siècle une législation sanguinaire contre le vagabondage. La loi les traita en criminels volontaires (Liste des lois page 132).

C'est donc le fer et le feu qui sont à l'origine de l'accumulation primitive, et c'est le fer et le feu qui ont préparé au capital le milieu nécessaire à son développement, la masse de forces humaines destinées à l'alimenter.

A présent au 19e siècle, le fer et le feu ont été remplacés par la faim.

Le capital s’est aussi développé d'une manière cruelle dans les colonies.




Conclusion

 

La révolution communiste :

 

  1. La source première de toute oppression et exploitation humaine est la propriété individuelle.
  2. L’émancipation des travailleurs ne peut pas être fondée sur une nouvelle domination des classes, mais sur la fin des privilèges de classe et sur l'égalité des droits et des devoirs.
  3. La cause du travail et de l'humanité n'a pas de frontière.
  4. L'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.

 

« Travailleurs du monde entier, unissons-nous ! Plus de droits sans devoirs, plus de devoirs sans droits ! Révolution ! »

 

La bourgeoisie aussi a invoqué la révolution, mais c'était pour supplanter la noblesse, et substituer au système féodal du servage, le système plus raffiné, et plus cruel du salariat.

 

Le mot « révolution » signifie retour au point de départ, transformation, changement. En ce sens, la révolution est l’âme de toute la matière infinie.

Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

La révolution est la loi de la nature, qui est le tout, elle doit donc être la loi de l'humanité qui est la partie.

 

Les bourgeois ne voient pas que leurs efforts ne font que préparer, à l'humanité entière, la révolution.

 

Une fois les obstacles matériels, qu'on oppose à la révolution, abattus, la révolution suffira à elle seule à réaliser parmi les hommes le plus parfait équilibre, l'ordre, la paix et le bonheur le plus complet, car les hommes comprendront que l'on ne peut être libre et heureux que dans la liberté et le bonheur commun de toute l'humanité.

Donc la lutte pour l'existence ne sera plus entre deux hommes, mais ce sera l'ensemble des hommes contre la nature afin de s'approprier le maximum de forces naturelles pour l'avantage de toute humanité.

 

« Le devoir du révolutionnaire est de faire tous ses efforts pour que les formes sociales se transforment continuellement et se maintiennent toujours au niveau des progrès moraux et intellectuels de l'humanité » (Errico Malatesta 1876).

 

Mais comment feront les travailleurs pour rétablir le cours de la révolution ?

 

« L’ouvrier a tout fait, et l'ouvrier peut tout détruire, parce qu'il peut tout refaire ».








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