Debord - Stratégie (1990)


 

Résumé de "Stratégie" de Guy Debord

Abrégé résumé du livre de Guy Debord  par César Valentine



Je trouve intéressantes toutes ces citations relatives à la guerre car elles permettent de retrouver sous les relations apparemment pacifiées de la société, des processus et des relations de guerre. J'ai donc réuni ici les passages qui ont attiré mon attention.
Vous trouverez écrit en italique sous les extraits, le nom de l’auteur, la date et la pagination dans le livre “Stratégie” de Debord édité aux éditions L’échappée. 

 

En additionnant la pensée des différents extraits on peut tenter de poser cette définition : 

La tactique, c'est le combat

La stratégie, c'est toute la guerre, avant et après le combat

La tactique a comme fin la victoire

La stratégie a comme fin la paix

La bataille est le moyen de la victoire

La victoire est le moyen de la paix

 

Définitions additionnelles :

Jeu de stratégie : Les jeux de stratégie peuvent faire intervenir, comme facteur de décision un phénomène lié au hasard. Le jeu est alors dit « jeu de hasard » mais l'activité stratégique ne s'annule que lorsque le hasard devient total et qu'il ne reste plus de marge de décision (Bureau1972)

La stratégie dans l'art militaire : Partie de la science militaire qui traite de la coordination des forces armées (en intégrant les aspects politiques, logistiques et économiques) dans la conduite d'une guerre ou dans l'organisation de la défense d'une nation, d'une coalition (CNRTL)

La stratégie dans la philosophie marxiste : Science de la direction de la lutte révolutionnaire, qui détermine l'orientation d'ensemble du combat de classe en fonction des objectifs essentiels et des données fondamentales de la situation historique objective. Élaboration, évolution, mise en œuvre de la stratégie; stratégie autogestionnaire, politique, révolutionnaire (CNRTL).

Tactique commerciale : Art de disposer et d'employer les équipes de vente sur le terrain où elles doivent agir et où elles ont été amenées par les opérations dont l'ensemble constitue la stratégie commerciale (Lauzel-Muss. 1970)




_________



Les combats représentent le matériau du stratège-artiste.
(Raymond Aron "Penser la guerre, Clausewitz" 1976 - Debord p.26)

 

Trois oppositions :

  1. moral/physique
  2. Moyen/fin
  3. Défense/attaque

(Raymond Aron "Penser la guerre, Clausewitz" Debord p.26)

 

La stratégie est un débat pour déterminer quelle sorte de paix se fera.
(Raymond Aron "Penser la guerre, Clausewitz" 1976 - Debord p.26)

 

Le choix des tactique, c'est la stratégie
(André Beaufre "introduction à la stratégie" 1963 - Debord p.30)

 

La préparation est devenue plus importante que l'exécution, car la possession de moyens supérieurs est plus décisive que la façon de les employer.
(André Beaufre "introduction à la stratégie" 1963 - Debord p.30)

 

La lutte maintenue sur un registre mineur sera devenue permanente. La Grande Guerre et la vraie paix seront alors mortes ensemble.
(André Beaufre "introduction à la stratégie" 1963 - Debord p.31)

 

On ne périt que par la défensive
(Villars, Début XVIIIe - Debord p.37)

 

Il en est des systèmes des guerres comme des sièges des places, il faut réunir ses feux contre un seul point. La brèche fait, l'équilibre est rompu, tout le reste devient inutile.
(Napoléon - Debord p.48)

 

Tout est opinion à la guerre, opinion sur l'ennemi, opinion sur ses propres soldats.
(Napoléon - Debord p.48)

 

Lorsqu'on a des forces inférieures, l'art de la guerre consiste à gagner du temps.
(Napoléon - Debord p.48)

 

Ce n'est pas tout de vaincre, il faut pouvoir exploiter la victoire qui souvent coûte plus cher au vainqueur qu'au vaincu [...] Elles sont bonnes, les jambes des fuyards.
(Napoléon - Debord p.49)

 

Le secret de la guerre est dans le secret des communications.
(Napoléon - Debord p.50)

 

L'art du placement des troupes est le grand art de la guerre. Placez toujours vos troupes de manière que, quelque chose que fasse l'ennemi, vous vous trouviez toujours en peu de jours réunis.
(Napoléon - Debord p.51)

 

Sur Vercingétorix : aussi, tandis que les autres chefs voient les revers diminuer leur autorité, lui, au contraire, après un échec, grandissait de jour en jour.
(Jules César "commentaires sur la guerre des Gaules" - Debord p.58)
(Note perso : Donc quand on est le chef d'une communauté opprimée, les échecs font croître l'autorité. Figure du martyre)

 

Un des principes fondamentaux de la stratégie, à savoir : qu'il faut employer en même temps toutes les forces disponibles.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1796 en France” - Debord p.65)

 

Celui qui veut se mouvoir dans cet élément qu'est la guerre, ne doit rien porter avec lui de ce qu'il a pris dans les livres, si ce n'est l'éducation de son esprit.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.82)

 

L'offensive est le mode le plus faible de la guerre, la défensive le mode le plus fort. Mais l'offensive poursuit des résultats positifs, par conséquent plus grands et plus décisifs, tandis que la défensive ne vise que des effets négatifs. C'est ainsi que leurs avantages se complètent et que ces deux formes de la guerre ne s'excluent pas l'une de l'autre.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.86)

 

Les jeunes gens croient toujours qu'en énonçant un principe ils ont tous dit !
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.88)

 

Nous croyons que le temps est passé où l'on pouvait concevoir la bataille comme un acte unique où le succès peut-être obtenu par le concours habile de toutes les parties de la grande machine dans un choc unique. Peut-être, d'ailleurs, ce temps-là n'a-t-il jamais existé, mais les images théoriques de la bataille ont le plus souvent dérivé de cette idée.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.88)

 

Il faut songer en outre que chaque général connaît mieux sa situation que celle de son adversaire et que, par conséquent, leurs conclusions ne sauraient être identiques.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.89)

 

On détruisit également les ponts et l'on enleva, à coup de hache, les numéros des poteaux de verstes, ce qui ôtait à l'ennemi un excellent moyen de s'orienter. Il a dû souvent être difficile, pour les Français, de savoir en quel point de la route ils se trouvaient, car ils rencontraient très rarement des habitants.
(Carl von Clausewitz “La campagne de 1812 en Russie” - Debord p.89)

 

Nous avons toujours cru, d'ailleurs, qu'à la guerre, les conceptions sont si simples et si à la portée de tous que le mérite de leur invention ne peut pas constituer le talent d'un général en chef.
Savoir choisir entre cinq ou six solutions celle qui donnera le meilleur résultat, juger rapidement une foule de circonstances qu'on ne peut connaître qu'assez confusément, et par le tact du jugement, se décider en un moment, constitue une des vertus cardinales d'un chef des armées. Mais c'est là quelque chose de tout différent de la conception proprement dite.
Le plus difficile réside dans l'exécution. Là est le point capital. À la guerre, tout est simple. Mais le simple et d'une extrême difficulté. La machine de guerre ressemble à une machine à frottements énormes, qui ne peuvent pas, comme en mécanique, être localisés en quelques points, mais sont partout en contact avec un monde de hasards.
Un mouvement qu'on exécute facilement dans l'air devient difficile dans l'eau. Le danger et l'effort sont les éléments où l'intelligence se meut à la guerre, et ces éléments, on les ignore dans le cabinet.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.90)

 

Nous ne sommes pas enclin à considérer les événements de ce monde comme le résultat de causes isolées, mais bien plutôt à y voir l'action d'ensemble de forces nombreuses, et la défection d'une partie ne nous paraît pas pouvoir amener le changement de tout l'ensemble. Il faut, cependant, reconnaître que souvent de grands effets ont jailli de causes qui paraissaient petites, et que souvent aussi une cause isolée et, par conséquent, sous la dépendance du hasard, peut avoir des conséquences d'ordre très général.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.95)

 

(En parlant de Bonaparte) débuter par des coups décisifs et se servir des avantages ainsi obtenus pour frapper de nouveaux coups, jouer toujours son gain sur une seule carte jusqu'à ce que la banque sautât, là était toute sa méthode, et l'on peut dire que c'est à cette méthode qu'il a dû le colossal succès dont il a joui dans ce monde. Ce succès serait à peine concevable avec une autre manière d'agir.
Ce procédé ne lui avait pas réussi en Espagne.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1812 en Russie” - Debord p.95)

 

Ce qui constitue au contraire le mérite de notre théorie, c'est le fait non pas d'avoir eu une idée juste, mais d'avoir été naturellement amené à concevoir cette idée. En résumé, l'on ne saurait trop répéter qu'ici - comme dans le domaine entier de la pratique - la théorie est là bien plus pour former le praticien, pour lui faire le jugement, que pour lui servir d'un indispensable soutien à chaque pas que nécessite l'accomplissement de sa tâche.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1814 en France” - Debord p.98)

 

Celui qui est le plus fort doit, en effet, toujours chercher les grands résultats. Cela est son droit, et cela est aussi son devoir.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1814 en France” - Debord p.98)

 

Les armées ne se meuvent pas comme la pensée. Si l'on a donné dès le début une fausse direction à une affaire, il faut, dans la plupart des cas, en supporter les conséquences.
(Carl von Clausewitz “La campagne de 1815 en France” - Debord p.99)

 

L'action à la guerre ressemble à un mouvement dans un élément qui alourdit les mouvements : il faut déjà des qualités peu ordinaires pour atteindre seulement à la médiocrité. Aussi la critique, dans les choses de la guerre plus que partout ailleurs, ne sert qu'à reconnaître la vérité, non à exercer la fonction d'un juge.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1815 en France” - Debord p.100)

 

La guerre ne peut jamais être regardé comme une chose indépendante, mais seulement comme une modification des relations politiques, comme l'exécution de plans et d'intérêts politiques par le moyen de la lutte.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1815 en France” - Debord p.100)

 

S'il était possible de borner les règles de l'art de la guerre à des circonstances objectives, on dirait ici : il était contraire à toutes les règles d'essayer encore de livrer cette bataille. La critique d'autrefois n'aurait pas hésité à établir ce point en ajoutant seulement qu'à vrai dire le génie ne peut pas se lier à des règles. Nous ne jugeons pas ainsi. Si la conduite de la guerre doit, dans ces grandes lignes, résulter de principes, ceux-ci doivent au moins embrasser toute circonstance où peut se trouver celui qui conduit la guerre, et, avant toutes les autres, les circonstances les plus grandioses, les plus décisives. [...] Il y a des situations où la plus grande prudence n'est à chercher que dans la plus grande hardiesse. La situation de Bonaparte était une de celle-là
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1815 en France” - Debord p.103)

 

En stratégie, tout ce qui est permis est prescrit.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1815 en France” - Debord p.103)

 

Ce n'est que si l'on peut utiliser tous l'effet utile d'une grande victoire qu'on doit la chercher, car une grande victoire est accompagnée de grands dangers.
(Carl von Clausewitz “la campagne de 1815 en France” - Debord p.104)

 

Certaines attaques stratégiques ont conduit à une paix immédiate, mais ces cas sont très rares. Le plus grand nombre au contraire, conduisent seulement au point où les forces qui restent suffisent tout juste à maintenir une défense en attendant la paix.
Au-delà de ce point, la marée se retourne, et le contrecoup survient. La violence de ce contrecoup dépasse en général la force du choc initial. C'est ce que nous appelons le point culminant de l'attaque.
Il sera donc toujours plus facile de formuler une théorie pour la tactique que pour la stratégie.
(Explication : la tactique a comme fin la victoire. La stratégie a comme fin la paix. Et la victoire est le moyen de la paix)
(Carl von Clausewitz “De la guerre” - Debord p.106)

 

Le savoir-faire ne peut pas, à la vérité, être exposé par un livre, et aucun livre ne devrait, par suite, reprendre le terme d'art dans son titre. (Debord en profite pour signaler les livres de cuisine)
(Carl von Clausewitz “De la guerre” - Debord p.109)

 

Il est toujours trop tôt pour périr.
(Carl von Clausewitz “De la guerre” - Debord p.111)

 

Tout peut devenir grand dans l'homme sous l'effet des circonstances.
(Carl von Clausewitz - Debord p.114)

 

S'il peut paraître risqué, sous un certain rapport, d'avoir un peuple en armes, n'est-il pas plus risqué encore de régner sur un peuple désarmé ?
(Carl von Clausewitz - Debord p.114)

 

La faible probabilité d'une issue heureuse est une objection déraisonnable. Car ce qui importe, à la guerre, ce n'est pas le degré absolu, mais le degré relatif de probabilité, et la probabilité la plus mince est toujours plus grande que pas de probabilité du tout.
(Carl von Clausewitz - Debord p.116)

 

La nature des choses et l'expérience nous apprennent assez qu'une armée défensive n'est victorieuse que si elle l'emporte sur tous les points essentiels, alors que celui qui attaque n'a besoin que de vaincre en un seul point essentiel pour annuler tous les autres succès de l'ennemi.
(Carl von Clausewitz - Debord p.117)

 

Il est un principe de l'art, à savoir qu'on a le droit de compter que l'ennemi commettra des erreurs, pour peu que la chose puisse être prévue avec une certaine probabilité. La preuve : faute de ce principe, l'art de la guerre devrait interdire absolument aux petits États de combattre les grands, et l'art de la guerre n'existerait pas pour qui en a le plus besoin, à savoir le plus faible, ce qui serait ridicule.
(Carl von Clausewitz - Debord p.117)

 

Je renonce à tout jamais à cette sorte de paix qui naît de l'humilité. Si je ne puis vivre libre et respecté, citoyen d'un État libre et respecté, si ce n'est dans vos bras que je gouterai la paix et l'or de ses moissons, qu'elle fuie mon cœur à tout jamais !
(Carl von Clausewitz “lettre à Marie, du 30 août 1806” - Debord p.118)



Quelle que soit la manière dont j'envisage de nouer le lien entre ma vie et le reste du monde, mon chemin passera toujours par un grand champ de bataille. Si je n'y puis mettre les pieds, nul bonheur durable ne me sourira.
(Carl von Clausewitz “lettre à Marie, du 18 septembre 1806” - Debord p.118)

 

Deux personnes sont moins voyante qu'une, et trois se font moins remarquer qu'un couple.
(Melton S. Davis "Qui défend Rome ?" 1972 - Debord p.122)

 

Bonaparte n'est probablement jamais entré en guerre sans l'idée de vaincre son adversaire dès la première bataille.
(Vom Kriege, début XIXe - Debord p.126)

 

La théorie de la guerre appliquée à l'expérience, en l'occurrence à l'histoire de la guerre, entraîne la familiarité avec cet objet. Plus elle atteint ce but, plus elle passe de la forme objective d'un savoir à la forme subjective d'un pouvoir.
(Vom Kriege, début XIXe - Debord p.126)

 

La guerre est un conflit de grand intérêt réglé par le sang, et c'est seulement en cela qu'elle diffère des autres conflits.
(Vom Kriege, début XIXe - Debord p.126)

 

L'intention politique est la fin, tandis que la guerre est le moyen, et l'on ne peut concevoir le moyen indépendamment de la fin.
(Vom Kriege, début XIXe - Debord p.127)

 

Il est plus facile de conserver que d'acquérir.
(Vom Kriege, début XIXe - Debord p.127)

 

La réalité du champ de bataille et qu'on n'y étudie pas. Simplement, on fait ce que l'on peut pour appliquer ce qu'on sait.
(Ferdinand Foch "Des principes de la guerre. Conférence faite en 1900 à l'école supérieure de guerre" Debord p.128)

 

Du savoir au pouvoir, il y a toujours un saut. Le saut cependant s'opère à partir du savoir, et non de l'ignorance.
(Ferdinand Foch "Des principes de la guerre. Conférence faite en 1900 à l'école supérieure de guerre" Debord p.128)

 

La stratégie est un système d'expédients. Elle est plus qu'une science. C'est le savoir transporté dans la vie réelle, c'est l'art d'agir sous la pression des circonstances les plus difficiles.
(Ferdinand Foch "Des principes de la guerre. Conférence faite en 1900 à l'école supérieure de guerre" Debord p.129)

 

Bonaparte a toujours marché droit au but sans se préoccuper en rien du plan stratégique de l'ennemi. Sachant que tout dépend des résultats tactiques et ne doutant jamais de les obtenir, il a sans cesse et partout recherché les occasions de combattre.
(Clausewitz - Debord p.129)

 

L'art de la guerre consiste à avoir toujours plus de force que l'adversaire, avec une armée plus faible que la sienne.
(Napoléon - Debord p.129)

 

Qui veut tout défendre ne sauve rien.
(Frédéric II, XVIIIe - Debord p.130)

 

L'inconnu c'est la loi de la guerre. Toutes les armées ont vécu et marché dans l'inconnu
(Ferdinand Foch "Des principes de la guerre. Conférence faite en 1900 à l'école supérieure de guerre" Debord p.131)

 

L'intérêt de l'État doit servir de règle à la conduite des souverains.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.133)

 

L'esprit de la nation est enclin aux révoltes. Les Russes ont cela de commun avec les autres peuples qu'ils sont mécontents du présent et qu'ils espèrent tout de l'avenir.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.134)

 

Le public croit assez légèrement que les événements qui tournent à l'avantage des Princes sont les fruits de leur prévoyance et de leur habilité.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.133)

 

Ne nous trompons point : les exemples du passé, fussent-ils même vrais, ne prouvent rien pour l'avenir. Cette assertion-ci est plus sûre : tout ce qui est possible peut arriver.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.136)

 

Le roi établit son quartier dans cette dernière ville (Neisse). Il y régnait une maladie contagieuse. Les hommes prenaient des charbons et mouraient en peu de jours. Si on avait dit que c'était la peste, toute communication aurait été interceptée, la livraison des magasins de même. Et la crainte de cette maladie aurait été plus funestes pour l'ouverture de la campagne que tout ce que l'ennemi pouvait y opposer. On adoucit donc ce nom redoutable. On appella cette contagion une fièvre putride, et tout continua d'aller son train ordinaire : tant les mots qui désignent les choses font plus d'impression sur les hommes que les choses mêmes.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.137)

 

On peut faire la paix lorsque les armes sont heureuses. Mais, si l'on a du dessous, l'ennemi ne se trouve guère dans des dispositions de se réconcilier.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.138)

 

Le roi lui répondit qu'il était dangereux d'offenser à demi, et que quiconque menace, doit frapper.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.140)

 

En France, les petites choses se traitent avec dignité et les grandes, légèrement.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.140)

 

Quand les souverains jouent pour des provinces, les hommes sont les jetons qui les payent.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.141)

 

On se trompe lorsqu'on croit fléchir son ennemi en le ménageant les armes à la main : les victoires seules le forcent à la paix.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.141)

 

Tout Etat se trompe, qui, au lieu de se reposer sur ses propres forces, se fie à celles de ses alliés.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.142)

 

(Sur l'inutilité de la mission du général de Schmettau auprès des ministres hanovriens) s'il leur avait parlé arabe, ils l'auraient tout autant compris. Ces ministres, dont l'esprit était resserré dans une sphère étroite, ne savaient pas assez de dialectique pour suivre un raisonnement militaire. Leur peu de lumière les rendait méfiants, et la crainte d'être trompés dans une matière qui leur était inconnue, augmentait l'opiniâtreté naturelle avec laquelle ils soutenaient leurs opinions.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.144)

 

Tout le mal, comme tout le bien qu'on prévoit, n'arrive point.
(Frédéric II "Histoire de mon temps" 1750 - Debord p.146)

 

S'il est reconnu qu'il peut y avoir des guerres qui n'ont pas pour fin nécessaire l'écrasement de l'ennemi, l'art militaire doit pouvoir se plier à toutes les exigences de la politique.
(Clausewitz "Lettre au commandant Von Müffling" 22 décembre 1827 - Debord p.149)

 

Autre paradoxe de cette époque, voici que les démocraties occidentales en viennent à asseoir leur sécurité sur une politique qui n'aurait à peu près aucun sens si elle dépendait du consentement populaire.
(Pierre-Marie Gallois "Stratégie de l'âge nucléaire" 1960 - Debord p.152)

 

Louis XVIII était inconnu donc aucun de nous. Nous ne savions même pas qu'il y eu en ce monde un Louis XVIII
(Gervais, prisonnier en Hongrie en 1814 "souvenir d'un soldat de la révolution et de l'Empire" - Debord p.155)

 

La moitié de l'Europe est habitée par des artistes, des rentiers, la plupart célibataires, des gens qu'aucun lien n'attache au sol sur lequel ils vivent et qui affichent hautement cette maxime dangereuse : "là où je suis bien, là est ma patrie". "La peste est en Provence. Et bien, disent ces cosmopolites, j'irai habiter la Normandie. La guerre menace la Flandre. J'abandonne cette frontière à qui voudra la défendre et je vais chercher la paix dans les provinces éloignées"
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.161)

 

Ce sont les peuples laboureurs qui sont les plus guerriers. Lorsqu'un pays entier est militaire, au premier signal tous sont ses défenseurs.
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.161)

 

C'est de l'infanterie allemande que nous est venue la coutume de porter ainsi la baïonnette en tout le temps, et chose singulière, c'est que depuis qu'on la porte toujours on ne s'en sert jamais.
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.162)

 

Quand la valeur d'un peuple baisse, on allonge les armes, on prend des armes de jet, on cherche à mettre le plus d'intervalle qu'on peut entre l'ennemi et soi.
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.165)

 

Il ne faut tirer que quand on ne peut pas marcher.
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.172)

 

Je les accoutumerai aussi à exécuter le feu à volonté, ou autrement appelé de billebaude. Ce feu est le plus vif et le plus meurtrier. Il échauffe la tête du soldat. Il l'étourdit sur le danger.
(Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert "essai général de tactique" 1880 - Debord p.161)

 

On ne vit pas deux fois dans notre métier, non plus que sur cette terre.
(Masséna à 57 ans, partant pour son invasion du Portugal, se sentant vieux et usé, et n'acceptant ce commandement que par devoir, 3e expédition, 1810 - Debord p.177)

 

De nos jours le secret est de plus en plus établi-imposé comme obligation légale.
(Roland Jacquard "La guerre du mensonge" 1986 - Debord p.178)

 

La désinformation s'est introduite dans la prévision météo quand elle peut toucher à des intérêts mercantiles.
(Roland Jacquard "La guerre du mensonge" 1986 - Debord p.178)

 

Pour ne pas dévoiler aux Allemands qu'il déchiffrait leurs codes, Churchill laissa détruire en 40 Coventry et d'autres villes, sans prendre des mesures supplémentaires. Voilà bien les secrets de l'État moderne, et sa part du feu !
(Roland Jacquard "La guerre du mensonge" 1986 - Debord p.178)

 

(Italie, 1800, Bonaparte) Aucune entreprise ne fut plus hardie, aucune n'était plus prudente et plus sage, puisqu'elle menaçait l'ennemi d'une ruine totale sans courir d'autre risque que le sacrifice des dernières troupes d'une arrière-garde.
(Antoine Henri de Jomini "traité de grandes opérations militaires" 1807 - Debord p.181)

 

Les Autrichiens, en 1792, n'ont jamais pensé que les gros bataillons avaient toujours raison : ils ont cru qu'il fallait occuper tout le développement des frontières, pour qu'elles ne fussent pas envahies, tandis que c'était le moyen de les rendre attaquables sur tous les points.
(Antoine Henri de Jomini "traité de grandes opérations militaires" 1807 - Debord p.181)

 

Napoléon nous a appris qu'on ne doit pas livrer une bataille simplement pour la gagner, mais bien pour achever l'anéantissement des corps organisés de l'ennemi.
(Antoine Henri de Jomini "traité de grandes opérations militaires" 1807 - Debord p.182)

 

Dans une science où tout se lie si étroitement, ces répétitions sont un inconvénient inévitable.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.189)

 

Les lignes de communications sont toutes les routes praticables entre les différentes fractions de l'armée.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.189)

 

Ceux même de ces respectables disciples d'Euclide, qui seraient les plus capables de bien commander une armée, devront, pour le faire avec gloire et succès, oublier un peu leur trigonométrie : c'est du moins le parti qu'avait pris Napoléon, dont les opérations les plus brillantes semblent appartenir bien plus au domaine de la poésie qu'à celui des sciences exactes : la cause en est simple, c'est que la guerre est un drame passionné et nullement une opération mathématique.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.190)

 

De toutes les opérations de la guerre, les plus difficiles sont incontestablement les retraites.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.194)

 

En effet, comment savoir ce que l'on doit faire soi-même, si l'on ignore ce que fait l'adversaire. Mais autant cette connaissance serait décisive, autant il est difficile, pour ne pas dire impossible, de l'acquérir. Et c'est précisément à une des causes qui rendent la théorie de la guerre si différente de la pratique.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.196)

 

Toutefois la guerre dans son ensemble n'est point une science mais un art.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.200)

 

Loin d'être une science exacte, la guerre est un drame effrayant et passionné.
(Antoine Henri de Jomini "précis de l'art de la guerre" 1838 - Debord p.201)

 

"Le temps est toujours notre ennemi". C'est là une vérité que les études stratégiques proprement dites feront apparaître.
(Georges Louis Victor "Introduction aux études de stratégie" 1927 - Debord p.202)

 

Il faut toujours se rappeler que le premier devoir de l'ennemi est de faire tout le contraire de vos désirs.
(Georges Louis Victor "Introduction aux études de stratégie" 1927 - Debord p.202)

 

Cependant, si l'on ne peut à coup sûr recommander telle ou telle solution comme la meilleure, on peut toujours ou presque toujours reconnaître les mauvaises solutions.
(Georges Louis Victor "Introduction aux études de stratégie" 1927 - Debord p.202)

 

Si longue que soit une guerre, elle n'est généralement dans l'existence militaire d'un homme qu'un moment. La plus grande partie de la carrière se passe à se préparer et à préparer les autres à une guerre qu'on ne verra peut-être pas soi-même mais qui enregistrera, au bénéfice ou au dommage des cadets, ses propres efforts.
(Georges Louis Victor "Introduction aux études de stratégie" 1927 - Debord p.202)

 

Le sacrifice absolu au but essentiel est le principe le plus haut, le plus puissant, le plus définitif de la stratégie.
(Edmond Lenient "études historiques et stratégiques" 1915 - Debord p.204)

 

Il n'y a pas de gloire achevée sans celle des armes.
(Vauvenargues, 1730 - Debord p.205)

Si l'on prend pour base de toutes les opérations la vraie politique, qui n'est autre chose que le calcul des combinaisons et des chances, nous serons pour longtemps la grande nation et l'arbitre de l'Europe.
(Bonaparte, lettre à Talleyrand - Debord p.211)

 

Me levant souvent la nuit, j'aime à voir le feu.
(Napoléon en quartier d'hiver au château-fort prussien de Finkenstein - Debord p.212)

 

On détruit dans un moment, mais on ne peut réédifier sans le secours du temps.

(Napoléon revenu à Paris - Debord p.213)

 

Sans doute, le roi n'est pas militaire. Mais il est responsable de son immoralité, et la plus grande immoralité, c'est de faire un métier qu'on ne sait pas.
(Napoléon sur Joseph battu à Victoria - Debord p.214)

 

Je n'ai pas le sentiment du ridicule. Le pouvoir n'est jamais ridicule. (Un des mots qui annonce le mieux le pouvoir moderne).
(Napoléon - Debord p.214)

 

L'avenir apprendra s'il ne valait pas mieux pour le repos de la terre, que Rousseau ni moi n'eussions jamais existé.
(Parole de Bonaparte sur la tombe de Rousseau - Debord p.214)

 

Par où il faut noter que les hommes se doivent ou caresser ou occire. Car ils se vengent des légères injures, et des grandes ils ne peuvent. De sorte que le tort qui se fait à l'homme doit être fait tel qu'on en craigne point la vengeance.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.223)

 

Si les Romains, prévoyant les inconvénients, y ont toujours remédié. Et jamais ne les laissèrent se poursuivre pour fuir une guerre, sachant qu'une guerre ne se peut éviter, mais seulement se diffère à l'avantage d'autrui.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.223)

 

Celui qui est cause qu'un autre devient puissant, se ruine lui-même. Parce que cette puissance est suscitée par lui ou par habileté ou par force : et l'une et l'autre est à redouter à celui qui est devenu puissant.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.223)

 

Et qui devient seigneur d'une cité accoutumée à vivre libre et ne la détruit point, qu'il s'attende d'être détruit par elle, parce qu'elle à toujours pour refuge en ses rébellions le nom de la liberté et ses vieilles coutumes, lesquelles ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait ne s'oublieront jamais. 
(Machiavel "Le prince" - Debord p.223)

 

Mais étant mon intention d'écrire choses profitables à ceux qui les entendront, il m'a semblé plus convenable de suivre la vérité effective de la chose que son imagination. 
(Machiavel "Le prince" - Debord p.225)

 

Les hommes hésitent moins à nuire à un homme qui se fait aimer qu'à un autre qui se fait redouter.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.225)

 

Les hommes en général, jugent plutôt aux yeux qu'aux mains, car chacun peut voir facilement, mais sentir, bien peu.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.226)

 

Les hommes toujours se découvrent à la fin méchant, s'ils ne sont par nécessité contraints d'être bons.
(Machiavel "Le prince" - Debord p.226)

 

Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.227)

 

J'appelle princes faibles, ceux qui sont incapables de faire la guerre.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.228)

 

On ne doit point hasarder toute sa fortune sans mettre en jeu toutes ses forces.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.228)

 

C'est la force qui crée les noms, et non les noms qui créent la force.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.229)

 

Gouverner c'est mettre vos sujets hors d'état de vous nuire et même d'y penser. Ce qui s'obtient soit en leur ôtant les moyens de le faire, soit en leur donnant un tel bien-être qu'ils ne souhaitent pas un autre sort.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.230)

 

Il faut caresser les hommes, où s'en débarrasser. Gardez-vous de les acculer jamais à l'alternative d'être abattus eux-mêmes, ou de vous abattre.
(Machiavel "Discours sur la première décade" - Debord p.231)

 

Rien d'autre à dire : la brièveté du temps nous avertit d'être brefs.
(Machiavel "lettres" - Debord p.236)

 

Les Romains ont jugé jadis qu'il fallait soit gagner, soit anéantir les populations rebelles, estimant pleine de périls toute autre solution.
(Machiavel "lettres" - Debord p.238)

 

La conquête engendre la conquête, et la victoire donne soif de la victoire.
(Machiavel "lettres" - Debord p.241)

 

De tout le temps, aussi loin que je m'en souvienne, tantôt on a fait la guerre, tantôt on en a parlé. À cette heure on en parle, sous peu on la fera, et quand elle sera finie on en parlera de nouveau.
(Machiavel "lettres" - Debord p.243)

 

Ce n'est pas un parti sage que de risquer toute sa fortune sans risquer toutes ses forces.
(Machiavel "lettres" - Debord p.243)

 

(La stratégie pour Debord) Nous ne pouvons considérer le comportement des sujets qu'en regard de celui du prince et vice-versa, et c'est le fait de leurs relations qui constitue l'objet de la connaissance. 
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.246)

 

Le réel se dévoile comme un lieu d'opérations : les frontières du réel sont celles du rationnel.
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.246)

 

La puissance trouve sa mesure dans la relation où elle s'inscrit avec d'autres puissances.
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.247)

 

(Sur la nature du pouvoir : l'être et le paraître peuvent coïncider de fait, sans que s'efface leur différence) Le prince tirera profit d'avoir effectivement les qualités qu'il feint de posséder, s'il n'en est pas le prisonnier. "S'il les a et les observe toujours, elles portent dommage. Mais faisant beau semblant de les avoir, alors elles sont profitables. Comme de sembler être pitoyable, fidèle, humain, un texte, religieux".
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.247)

 

Il appartient, en effet, à une pensée qui fait l'épreuve de l'Être dans le temps de se donner au départ le rapport politique, puisque nul fondement ne le soutient, de le déchiffrer et d'en délivrer un sens.
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.247)

 

Nous sommes voué à entreprendre, sans autre assurance que le risque, et c'est ce qui donne en définitive son style à l'action politique.
(Claude Lefort "Le travail de l'oeuvre Machiavel" 1972 - Debord p.248)

 

L'œuvre propre du genre humain, à le considérer tout entier, est de faire passer à l'acte toutes les puissances qui se trouvent contenues virtuellement dans l'esprit.
(Augustin renaudet "Machiavel" - Debord p.257)

 

Les ports de mer doivent se défendre par eux-mêmes. Les flottes ont à agir en haute mer. Leur but est d'attaquer plutôt que de défendre. Leur objectif est la marine ennemie partout où elles peuvent la trouver.
(Alfred Thayer Mahan "influence de la puissance maritime dans l'histoire" 1890 - Debord p.271)

 

En guerre comme au jeu, les adversaires doivent parfois s'inspirer de la situation de la partie. 
Sir John Davis sur la bataille de Saint-Vincent : "Jugeant que l'honneur des armes de sa Majesté et les circonstances de la guerre en ces mers demandaient beaucoup d'initiative, je me sentis justifier de me départir de la méthode régulière"
(Alfred Thayer Mahan "influence de la puissance maritime dans l'histoire" 1890 - Debord p.272)

 

Avant de commencer, il faut noter brièvement une particularité de la guerre navale qui a son influence sur la discussion : c'est la difficulté d'obtenir des renseignements.
(Alfred Thayer Mahan "influence de la puissance maritime dans l'histoire" 1890 - Debord p.272)

 

Vous pouvez être certain que si je rencontre le convoi français partout où il y aura quelque chance de l'attaquer, il sera ou pris ou détruit, au risque d'y voir passer mon escadre, qui n'a été construite que pour être risquée dans les occasions où il est bon de le faire.
(Lettre de Nelson, Fin XVIIIe- Debord p.275)

 

Une défaite écrasante, ou infériorité marquée en présence de la flotte ennemie, équivalent l'une et l'autre à une dislocation complète de tout le système des colonies ou des zones d'influences, quel que soit le lieu de cette défaite.
Le principal objectif d'une marine doit donc être la marine de son adversaire. Comme celle-ci est le seul lieu qui réunisse toutes les positions stratégiques ennemies dispersées, l'atteindre, c'est atteindre toutes ces positions.
Bien des gens supplièrent Nelson de rester aux Antilles. Il avait l'opinion contre lui, mais il avait ce flair indéfinissable qui permet d'arriver à des conclusions exactes par une suite de raisonnements qui ne s'appuient sur aucune certitude.
(Alfred Thayer Mahan "Stratégie navale" 1890 - Debord p.276)

 

Le chef doit plusieurs fois par jour, s'imaginer que l'ennemi paraît devant l'armée ou sur ses flancs, et se demander alors ce qu'il faut faire. Une réponse difficile révélerait une erreur à réparer aussitôt dans le dispositif.
(Napoléon - Debord p.279)

 

"À la guerre tout est simple", ne veut pas dire facile.
(Clausewitz - Debord p.281)

 

Les généraux qui réserveront des troupes fraîches pour le lendemain de la bataille seront presque toujours battus.
(Napoléon - Debord p.285)

 

La décision de Sir Harry était certainement une faute. Mais l'erreur est commune dans un art qui, à tout prendre, ne consiste que dans le choix à faire entre les difficultés.
(William Francis Napier "Histoire de la guerre de la péninsule 1807-1814" - Debord p.287)

 

Les Espagnols avaient une adresse merveilleuse pour se trouver sans général lorsqu'ils possédaient une armée, et pour n'avoir aucune armée lorsqu'ils nommaient un général.
(William Francis Napier "Histoire de la guerre de la péninsule 1807-1814" - Debord p.287)

 

Ce n'est pas tant par sa force numérique que par la variété de ses lignes d'opérations que toute une population s'oppose avec avantage à des armées régulières.
(William Francis Napier "Histoire de la guerre de la péninsule 1807-1814" - Debord p.287)

 

Rien n'est plus nécessaire à la guerre que de frapper avec toutes les forces dont on peut disposer à la fois.
(William Francis Napier "Histoire de la guerre de la péninsule 1807-1814" - Debord p.287)

 

Il est nécessaire que les journaux de Paris soient dans le sens de leurs craintes. Les journaux ne sont pas l'histoire, pas plus que les bulletins ne sont l'histoire. On doit toujours faire croire à son ennemi qu'on a des forces immenses.
(Napoléon au roi Joseph, lettre du 24 février 1813 - Debord p.292)

 

La première qualité d'un général en chef est d'avoir une tête froide, qui reçoive des impressions justes des objets, qui ne s'échauffe jamais, ne se laisse pas éblouir, enivrer par les bonnes ou mauvaises nouvelles. Que les sensations successives ou simultanées qu'il reçoit dans le cours d'une journée s'y classent et n'occupent que la place juste qu'elles méritent d'occuper. Car le bon sens, la raison, sont le résultat de la comparaison de plusieurs sensations prises en égale considération.
(Napoléon "Précis des guerres de Frédéric" - Debord p.297)

 

Nelson qui fascinait ses subordonnés et en était adoré, écrivant à Lord Howe après la bataille d'Aboukir : "j'avais le bonheur de commander une réunion de frère".
(Debord p.299)

 

C'est alors qu'il me fut donné encore une fois d'observer l'espèce de stupeur qui s'empare de tout homme qui n'a jamais vu le feu au moment où on lui tombent dessus les premiers projectiles. Cette stupeur, provenant d'une façon foudroyante et d'une cause souvent insignifiante, peut, selon le caractère, tourner aussi bien en la plus irraisonnée des paniques qu'en la plus extraordinaire lucidité d'esprit.
(Vladimir Ivanovitch Semenov "carnet de notes du Commandant Semenoff" 1919 - Debord p.309)

 

Plus tard, à l'hôpital, arrivant sur un brancard, je compris pourquoi dans une bataille on entend ni cris ni gémissements. Tout cela ne se produit qu'après. Il est probable que nos sensations sont en quelque sorte comprises entre certaines limites leur permettant de recevoir les expressions extérieures, et on peut poser cet aphorisme qui paraît absurde a priori : une chose peut-être si douloureuse qu'on ne sent plus rien, si terrible qu'on n'éprouve plus la moindre crainte.
(Vladimir Ivanovitch Semenov "carnet de notes du Commandant Semenoff" 1919 - Debord p.309)

 

(Le repas de l'état-major de la 5e armée, sur la terrasse du château de Craonne, 31 août 1914) : Soudain on entendit la voix de Lanrezac. Elle revêtait un ton nouveau pour moi, doux et cadencé. Il parlait latin - il récitait des vers - Horace ! et le refrain des lignes qu'il citait était : "oh ! Heureux celui qui reste chez lui, caressant la gorge de sa maîtresse, au lieu de faire la guerre !"
(Edward Spears "en liaison" 1914 - Debord p.310)

 

Les habiles généraux avaient pour principe que l'on ne pouvait être vaincu que par sa propre faute, et qu'on était jamais victorieux que par la faute des ennemis.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.313)

 

La grande science est de lui faire vouloir tout ce que vous souhaitez qu'il fasse, et de lui fournir, sans qu'il s'en aperçoive, tous les moyens de vous seconder.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.313)

 

Chaque jour, chaque occasion, chaque circonstance demande une application particulière des mêmes principes. Les principes sont bons en eux-mêmes, mais l'application qu'on en fait les rend souvent mauvais.
Un grand général doit savoir l'art des changements.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.314)

 

Si l'armée ennemie est inférieure à la vôtre, et si elle n'ose pour cette raison se mesurer avec vous, allez l'attaquer sans délai, ne lui donnez pas le temps de se renforcer. Une seule bataille est décisive dans ces occasions.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.314)

 

Faire la guerre est en général quelque chose de mauvais en soi. La nécessité seule doit la faire entreprendre. Les combats, de quelque nature qu'ils soient, ont toujours quelque chose de funeste pour les vainqueurs eux-mêmes. Il ne faut les livrer que lorsqu'on ne saurait faire la guerre autrement.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.315)

 

Dans de nombreux cas, il vous sera aisé d'entretenir leur mésintelligence, de fomenter leurs divisions. Vous les détruirez peu à peu les uns par les autres, sans qu'il soit besoin qu'aucun d'eux se déclare ouvertement pour votre parti. Tous vous serviront sans le vouloir, sans même le savoir. 
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.315)

 

Après avoir enfanté quelque projet, si vous apprenez que votre secret a transpiré, faites mourir sans rémission, tant ceux qui l'auront divulgué que ceux à la connaissance desquels il est parvenu. Ceux-ci ne sont point coupables encore à la vérité, mais ils pourraient le devenir.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.316)

 

Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.317)

 

Celui qui sait quand il faut combattre et quand il ne le faut pas sera victorieux.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.318)

 

La forme d'une armée ressemble à l'eau.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.318)

 

L'ordre et le désordre dépendent de l'organisation, le courage ou la lâcheté des circonstances, la force ou la faiblesse des dispositions.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.318)

 

Or, une armée peut être comparée exactement à de l'eau car, de même que le fleuve qui coule évite les hauteurs et se presse vers les terres basses, de même une armée évite la force et frappe la faiblesse.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.319)

 

Le général est le ministre de la mort, qui n'est pas responsable devant le ciel en haut, ni devant la terre en bas, ni devant l'ennemi en face, ni devant le souverain à l'arrière.
(Sun Tse "l'art de la guerre", VIe siècle av. J.C. - Debord p.319)

 

Les partisans de la guerre ont été de tout temps accusés d'y chercher leur intérêt personnel. Cléon était d'ailleurs un gros négociant en cuirs et peaux. Et il est certain que cette corporation, alors comme aujourd'hui, n'était pas à plaindre en temps de guerre.
(Albert Thibaudet "La campagne avec Thucydide" 1922 - Debord p.324)

 

L'unité d'un empire étendu ne peut se faire que par une bureaucratie, une écriture, une place grandissante attribuée à l'homme de l'administration, au scribe, à côté et bientôt au-dessus de l'homme de la conquête, du chef militaire.
(Albert Thibaudet "La campagne avec Thucydide" 1922 - Debord p.326)

 

Thucydide met ces mots dans la bouche d'Alcibiade partant pour l'expédition de Sicile : : "Nous ne sommes pas libres de modérer à notre gré notre volonté de commander".
(Albert Thibaudet "La campagne avec Thucydide" 1922 - Debord p.328)

 

La guerre nécessite une vie par explosions brusques, de grands efforts locaux et momentanés - être le plus fort à un moment donné sur un point donné -  et l'insécurité du lendemain met dans le moment présent un caractère d'importance et d'intensité uniques.
(Albert Thibaudet "La campagne avec Thucydide" 1922 - Debord p.329)

 

Aucune guerre dans l'histoire n'a été plus radicalement que la guerre du Péloponnèse une guerre sans vainqueurs, une guerre où il n'y a que des vaincus successifs. Aucune ne donne plus inflexiblement la sensation d'une chose politique qui se défait.
(Albert Thibaudet "La campagne avec Thucydide" 1922 - Debord p.332)

 

La guerre civile avait une tactique toute particulière, dont tous les embranchements étaient la confiance, toujours la confiance.
(Jacques Anne Le Prestre Vauban "Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de la Vendée" 1941 - Debord p.340)

 

On ne peut jamais asseoir sur un acteur en révolution un jugement que sur l'instant présent.
(Jacques Anne Le Prestre Vauban "Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de la Vendée" 1941 - Debord p.340)

 

Dans les affaires ordinaires, une erreur peut être réparée. Mais à la guerre, ce qui est fait ne peut être défait.
(Empereur Maurice "Strategicon" VIe siècle - Debord p.347)

 

Les nomades se distinguaient par une susceptibilité aiguë, un orgueil ombrageux, l'intolérance de toute autorité.
(Debord p.347)

 

Le vaincu ne peut jamais être l'ami du vainqueur. La mort du premier est donc nécessaire à la sécurité de l'autre.
(Debord p.351)

 

Les guerres civiles sont celles où chaque combattant sait le mieux pour qui, ou pourquoi il se bat, surtout à une époque où l'idée de patrie est encore brumeuse.
(Debord p.358)

 

Villars en 1703 : "je passerai le Rhin le 11 février, et j'attaquerai tout ce que je trouve devant moi.
(Debord p.364)

 

La guerre est en tout dont les résultats partiels n'ont isolément aucune valeur. (Thèse vérifiée par les deux guerres mondiales)
(Debord p.376)

 

Assurément un général habile doit éviter de faire donner trop tôt ses réserves. Il doit refuser le premier secours qu'on lui demande. Car ceux qui sont aux prises sont toujours empressés d'en réclamer. Il faut tirer de chaque individu tout le parti possible, forcer chacun à employer toute l'énergie et toutes les facultés qu'il possède. Mais il y a un moment où il est aussi important de faire accourir le secours qu'auparavant il était utile d'en suspendre l'envoi, et c'est en cela que Napoléon a failli à la Moskowa. Il a été d'ailleurs, ce jour-là, infidèle à un principe que je lui ai entendu établir et soutenir toute sa vie: c'est que les généraux qui conservent les troupes pour le lendemain de la bataille sont toujours battus. Quand le succès est complet, quand le jour est décisif, les réserves sont superflus le lendemain. C'est donc au jour de la bataille, jour véritable de la crise, qu'il faut tout sacrifier, sans s'occuper de l'avenir.
(Auguste de Marmont "Mémoires du maréchal, duc de Raguse, de 1792 à 1848" - Debord p.380)

 

Dans des événements de cette nature, des troupes bien disciplinées sont redoutables le premier jour. Le second, elles sont moins bonnes, et après leur valeur diminue à chaque moment. Si ensuite des fatigues, des privations et des intrigues surviennent, elles vous abandonnent. Il est donc dans la nature des choses et dans tous les calculs de la raison de les faire agir le plus tôt possible, afin de s'en servir quand elles sont au moment de toute leur valeur.
(Auguste Frédéric Louis de Marmont "Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, de 1792 à 1848" - Debord p.381)

 

Vous n'êtes pas soldat et vous ne savez pas ce qui se passe dans l'âme d'un soldat. J'ai grandi sur les champs de bataille et un homme comme moi se soucie peu de la vie d'un million d'hommes.
(Napoléon - Debord p.438)

 

Un homme qui, de simple particulier, est parvenu au trône, qui a passé 20 ans sous la mitraille, ne craint pas les balles, ne craint pas les menaces. Je ne fais pas cas de ma vie, aussi peu que de celle des autres. Je ne l'estime pas plus que celle de cent mille autres. J'en sacrifierai un million s'il le faut. Vous ne me forcerez que par des victoires multipliées. Je périrai peut-être, et ma dynastie avec moi. Tout cela m'est égal. Vous voulez m'arracher l'Italie et l'Allemagne, vous voulez me déshonorer, monsieur ! Nous allons bouleverser le monde et l'ordre des choses qui est établi. L'existence des monarchies deviendra un problème. La meilleure des femmes en sera la victime. Elle sera malheureuse. La France sera livrée aux Jacobins. J'ai acheté l'Illyrie avec la perte d'un million d'hommes. Vous ne l'aurez pas par la force sans en sacrifier autant. Vous voulez pêcher dans l'eau trouble. On ne gagne pas des provinces avec de l'eau de rose. Ce sont des moyens qu'on peut employer pour séduire les femmes. Vous commencez par me demander l'Illyrie, puis vous me demanderez le pays de Venise puis le Milanais, la Toscane, et vous me forcerez à me battre contre vous. Il vaut mieux commencer par là. Oui, si vous voulez avoir des provinces, il faut que le sang coule. Repoussé jusqu'à Francfort, je vous aurais dit la même chose. Je n'ai qu'une idée là-dessus, ma politique est franche et ouverte.
(Napoléon au général Bubna envoyé de la cour de Vienne, 16 mai 1813 - Debord p.443)

 

Le traitement illégal infligé à Napoléon par les puissances alliées, c'est déjà Nuremberg : c'est en somme le premier criminel de guerre - Pour le fait d'avoir fait la guerre à l'Europe.
(Debord p.439)

 

Si l'art de la guerre n'était autre chose que l'art de ne rien compromettre, la gloire deviendrait la proie des esprits médiocres. C'est un triomphe complet qu'il nous faut !
(Napoléon - Debord p.444)

 

"Faire de l'histoire" comme "faire l'histoire" ne peut être purement une science, mais un art fondé sur des connaissances scientifiques.
(Debord p.446)

 

La guerre doit être comprise dans son omniprésence sociale.
(Debord p.449)

 

 

Video(s)

Photo(s)

resume-guy-debord-strategie-portrait
resume-guy-debord-strategie-couverture
resume-guy-debord-strategie-fume
resume-guy-debord-strategie-le-jeu-de-la-guerre-abrege
resume-guy-debord-strategie-jeune
resume-guy-debord-strategie-photo
resume-guy-debord-strategie-le-jeu-de-la-guerre